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7 juillet 2015

En direct de… Montreux Jazz Festival 2015 (2/2)

par rédaction Tsugi

Après une première soirée à l’Auditorium Stravinski, on est revenu dimanche au 49ème Montreux Jazz Festival. On a choisi une nouvelle salle et nouvelle ambiance en se rendant au “Lab” du festival et ses 1000 places, pour des concerts toujours plus rock.

La nuit de concerts débute dès 20h30 avec un show complètement déjanté des Californiens de Foxygen. Le chanteur Sam France fait son entrée par la fosse en escaladant la scène, premier gag d’une longue série, avant de jouer un sulfureux « We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic ». Un gag, oui, tellement le set s’apparente à une comédie où les musiciens sont également tous acteurs. Les 3 choristes qui accompagnent le groupe s’y donnent d’ailleurs à coeur joie, se révélant plutôt comme comédiennes et danseuses que chanteuses. Si on est habitué aux facéties du leader de la formation, ce sont elles qui, avec leurs chorégraphies décalées deviennent la véritable attraction du concert, chacune en roue libre, mais toutes parfaitement synchronisées. Burlesque ou grotesque (selon les goûts), ce set d’un peu moins d’une heure n’a cependant pas vraiment gagné son public, à part quelques admirateurs au premier rang. Les interminables danses pleines de folie furieuse, sur le rock psyché et bruyant du groupe, sont en décalage avec une fosse certes souriante, mais qui ne sait pas vraiment comment réagir pendant un tel délire.

© Marc Ducrest

Et notamment face à quelques séquences confuses qui ont de quoi laisser pantois : le guitariste et le bassiste faignant de se battre avec leur instrument avant de commencer une joute avec des épées en plastiques, puis plus tard qui interrompent le concert qu’ils pensent « ennuyeux » pour jouer aux cartes (une nouvelle version du jeu “Uno” qu’ils viennent d’inventer, précisons les choses) ou encore la grève soudaine puis le coup de gueule d’un guitariste qui se considère comme sous-payé. Tout le groupe finit même par quitter la scène à la moitié du concert, et la surprise est telle que cette sortie n’entraîne pas de rappel. Malgré ce petit malaise le set reprend dans la même veine, une fois que Sam France a changé et (re)déboutonné sa chemise. Puis les Californiens nous quittent finalement sans même avoir joué quelques tubes évidents comme le principal single de leur dernier disque, « How Can You Really« . Qu’importe, Sam France a encore rempli son contrat habituel en se jetant dans la fosse et en faisant rouler son micro par terre (nos oreilles s’en souviennent), avant d’entraîner ses danseuses dans la folie ambiante.

© Marc Ducrest

 Après une petite demi-heure de pause, un groupe au rock plus sobre fait son entrée alors que le public se remet à peine de ses émotions : dEUs. Le quatuor belge qui vient de fêter ses 20 ans avec un best of apporte sa classe et sa sérénité sans époustoufler.

Vient alors la tête d’affiche The War On Drugs, qui fait son entrée vers 23h30. Le sextuor (façon un peu moche de dire groupe de six membres) de Philadelphie tourne sans cesse depuis la sortie de son très acclamé 4e album Lost In The Dream il y a un an et demi. Indéniablement, cet album n’a cessé de grandir sur scène depuis lors. Le groupe mené par Adam Granduciel (et qui a compté jadis dans ses rangs un certain Kurt Vile) a ainsi réalisé une des performances les plus épiques du weekend, réveillant (enfin) le public du Lab. Comme un écho à notre soirée de samedi, The War On Drugs sonne comme la meilleure des compilations classic-rock, même si l’ambiance évoque bien d’avantage Bruce Springsteen ou Dire Straits que Jackson Browne.

© Marc Ducrest

 

Le show ouvre sur “Burning” et nous plonge déjà dans un atmosphère que l’on ne quittera plus : nappe de synthés, batterie éclair et ligne de basse plus tard rejoint par un saxophone, le tout servant de fond aux éclats de guitares d’Adam Granduciel. Ses solos sont ainsi la partie essentielle de la musique du groupe, souvent au cours de longues séquences instrumentales sur des titres qui peuvent s’étirer sur 10 minutes. Des morceaux qui montent toujours en puissance, d’abord oniriques puis épiques. Et quand à de rares moments Granduciel lâche sa guitare, c’est seulement pour jouer de l’harmonica, sur « Lost In The Dream » notamment qui ajoute ainsi une petite touche americana au concert .?

Le millier de spectateurs du Lab s’emballe au fur et à mesure que le set progresse dans des contrées toujours plus riches en riffs aiguisés. Le premier rang n’est plus le seul à remuer dans la fosse. Deux quadragénaires se joignent à la fête et se mettent torse poil pour faire tourner leur t-shirt au-dessus de la tête, comme si la soirée venait seulement de commencer. On voit également des premières personnes gravir les épaules de leurs voisins et s’agiter pour motiver le public tandis que quelques jeunes presque en transe essayent de mimer les grincements de cordes d’Adam Granduciel sur les trois ou quatres différentes guitares qu’il avait à sa disposition.

 

© Marc Ducrest

Un petit grain de folie prend ainsi enfin possession du public pendant les moments forts « An Ocean In Between The Waves” (sublime), la longue montée en crescendo de “Under The Pressure” (9 minutes sur le disque) et surtout le dernier petit tube du groupe, “Red Eyes” dont les refrains déferlent sans laisser personne indifférent. La tension redescend à la fin du set avec quelques morceaux plus planants, avant que le groupe ne nous quittent sur “Your Love Is Calling My Name”.  Un concert épatant de bout en bout.??? tellement les titres de Lost In The Dream transportent ainsi tous très loin, comme l’album du parfait road-trip. Ses chansons forment la BO 80’s des voyages sur de longues lignes droites au sein des grands espaces américains, comme dans un bon vieux clip d’America.

 

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