Smmmile Vegan Pop Festival : un air de petit village atypique
Avec le Smmmile Vegan Pop Festival, le visage de la Villette s’est transformé, de la Petite Halle au food court en passant par le Trabendo. De 10h à minuit, qu’ils soient végétariens, aficionados de pop ou curieux, les habitants de ce petit village éphémère sont venus nourrir leurs oreilles de musique, leurs ventres de bons petits plats et leurs esprits de bonnes idées. Incroyablement atypique, conviviale et accessible – quasiment entièrement gratuite – en tous points, cette troisième édition a revêtu son plus beau chemin de table.
De jour, comme dans un petit village, les moments en famille sont privilégiés. Entre deux DJ-sets, la galerie de la Villette propose à petits et grands des cours de cuisine, yoga ou danse. Mais c’est au coucher de soleil que le lieu laisse entrevoir tout son charme entre guirlandes lumineuses, transats en bois et tables de pique-nique. A l’intérieur, les bruits de couverts, les odeurs de pizza tofu-champignons et la scène minuscule avec quatre petites lumières et un rideau donnent à la Petite Halle des allures de chic et intimiste café-bar-restaurant du coin, avec à peine une cinquantaine de personnes ondulant au rythme des sets.
Et qui dit petit village atypique, dit artistes originaux qui vont avec. Vegan mais aussi très pop, le Smmmile Festival est un véritable nid à découvertes musicales. On retiendra notamment le retour sur scène de la grande Dream Koala – oui, grande, l’artiste a fait son coming-out en tant que femme transgenre pas plus tard que le lendemain du festival. Et on n’a sûrement jamais vu un nom de scène aussi bien représenté : la chanteuse apparaît rêveuse, magique et timide comme un koala mais d’une classe sans pareille. Sa dream pop à la fois électronique, dansante et organique touche en plein coeur, jusqu’à surprendre avec une reprise très différente du classique « Creep » de Radiohead. Le genre de musique qu’on écouterait allongé en festival à 3 heures du matin, en profitant des lumières colorées de la scène. Même constat du côté de Buvette : la pop-électro à la fois obscure et dansante du Suisse nous a – littéralement – plongés dans le noir, pour mieux nous envahir. Plus aucune raison de ne pas fermer les yeux pour se laisser envoûter par la musique.
Si ces deux têtes d’affiche ont bien représenté le côté pop rêveur et planant du festival, l’heure était surtout aux découvertes originales et variées. Souvent comparé à Sampha et The Weeknd, Fang The Great est venu nous présenter son propre univers : le Fangtasia. Entre rap, trap et soul, l’artiste se montre plein d’assurance et de personnalité, « you know » – comme il le dit si bien. Dans un autre registre, Sarah Maison fera à peu près le même effet le lendemain. Si sa pop-électro en français à la fois kitsch et orientale n’aura pas plu à tout le monde, la chanteuse a le mérite de dégager une aura spéciale et classe. Quitte ou double. Enfin, l’oiseau Ramó et son pull à motif de cigognes aurait facilement pu gagner le titre de personnage le plus enjoué du festival. Tout souriant, le chanteur partage ses ondes d’optimisme et d’« Amour » tropicales aux quelques rangées face à lui. Pareil, le mélange ne plaît sûrement pas à tout le monde. Mais voir tant d’enthousiasme dans les yeux d’un artiste est toujours un plaisir.
Malheureusement, le côté intimiste devait évidemment avoir des répercussions sur le dernier club sur la gauche. Entre house, disco et funk, la soirée clubbing House Of Moda reptilienne a peiné à réunir du monde, dans un Trabendo quasiment vide. Loin de cette petite faille, on retiendra notamment la capacité du Smmmile Vegan Pop Festival à réunir des artistes aussi talentueux et connus dans un cadre on ne peut plus intimiste et chaleureux. Le tout, gratuitement. Chapeau.
Meilleur moment : Le stand Végébowl, un des meilleurs restaurants chinois de Paris.
Pire moment : Se faire renverser de la bière dessus par un Voyou tout sautillant.