Le Social Club à Paris aurait-il porté ce nom si n’avait pas existé dix ans auparavant à Londres un certain Heavenly Social, plus fréquemment nommé le Social ? Connaissant l’érudition des instigateurs du club de la rue Montmartre, on aura une seule réponse : “non”. C’est en 1994 dans le sous-sol du pub Albany dans le quartier d’Islington que naît ce fameux Heavenly Social, à l’origine une soirée dominicale hebdomadaire. La première partie du nom vient du label Heavenly Records fondé par Jeff Barrett en 1990 qui lança Saint Etienne, Flowered Up ou les Manic Street Preachers.

Très pote avec Andrew Weatherall, Barrett qui sort en club depuis l’âge de 15 ans, a envie d’un lieu musicalement ouvert qui corresponde à l’effervescence underground de l’époque où house, rock, hip-hop se mélangent allégrement. C’est un de ses employés, Robin Turner, qui trouve l’endroit appelé à devenir le berceau du big beat. Avec comme héros, deux jeunes Mancuniens, Ed Simons et Tom Rowlands alias The Dust Brothers. Sous la pression d’une paire de producteurs américains du même nom, ils devront vite se rebaptiser The Chemical Brothers. Le duo est donc aux manettes de ce mix échevelé et jouissif où l’on trouve aussi bien Eric B & Rakim et Crooklyn Clan que The Charlatans ou Funk D’Void. Ce qui colle parfaitement à l’atmosphère moite et totalement déjantée du Social fréquenté par les héros de la britpop comme Oasis ou Primal Scream et par les DJ’s Andrew Weatherall et surtout Fatboy Slim, meilleur pote des Chemical.

L’histoire aussi d’une certaine rébellion contre les superclubs britanniques à la Cream ou Ministry of Sound qui écrasent alors toute la scène house. Vingt ans plus tard, aux États-Unis, l’EDM redonne une nouvelle jeunesse à Fatboy Slim. Tout ça pour ça.

Live at The Social volume 1 – mixed by The Chemical Brothers by The Social on Mixcloud

Chronique parue dans Tsugi #77.