Le nouveau vinyle de la semaine (6) : Sebastian Mullaert & Eitan Reiter

Reflections Of Nothingness : sous ce titre un peu abscons et pseudo-nihiliste se cachent en réalité huit titres electronica absolument géniaux, fignolés par le Suédois Sebastian Mullaert et l’Israélien Eitan Reiter. L’album, sorti courant octobre sur Mule Musiq, ne cesse de nous obséder.

  On le savait déjà : Sebastian Mullaert est une vraie mine d’or, un catalyseur de projets ! Après une formation classique où il éudie entre autres l’orgue et le violon, il commence à approfondir ses expérimentations sonores. Puis il rencontre Marcus Henriksson- DJ avec une véritable intelligence de la scène- avec qui il formera Minilogue, groupe incontournable qui hybride techno minimale et house progressive, et ce depuis les années 2000. Il développe dans le même temps ses projets solo sous Ooze, Filur, WaWuWe ou sous son propre patronyme, et enchaîne les collaborations : avec Koss et tout dernièrement avec Eitan Reiter pour cet LP et avec Patrick Siech pour un EP acid techno Genome sorti fin octobre. Si le Suédois officie avec une palette de styles très étendue – deep house, acid, techno, minimale, expérimentale… il semble avoir trouvé en Eitan Reiter un allié de choix pour la création d’un album pas vraiment dance. L’Israélien oscille d’ailleurs entre electronica, chill out et aussi psy-trance, ce qui vous laisse imaginer le potentiel étonnant de cette collaboration avec Sebastian Mullaert. Et pour couronner le tout, c’est le très intéressant label japonais Mule Musiq (Lawrence, Dj Sprinkles…) qui les a signés, alors que Kompakt se charge de les distribuer.

  Tous deux laissent libre court à leurs improvisations durant cette épopée aussi spirituelle que sonore de huit titres…accrochez-vous ! L’introduction « Enter The Spiral » annonce la couleur : on s’apprête à se laisser emporter dans le tourbillon, à se dissoudre dans les atmosphères à la limite du mystique voire du tribal. Petites cloches essaimées et rythmes obsédants pour « Dance of Roots » qui coule lentement le long de nos conduits auditifs comme une lampée d’ayahuasca. Le rite chamanique continue avec « Ash Laya », climax de l’album dominé par un synthé Roland. Toutes les pistes ont un beat assez sourd proche d’un battement de cœur, affolé ou au contraire très calme, les atmosphères évoluant sans cesse. On reçoit l’absolution avec les deux derniers morceaux : « You Are The Proof of Heavern » et « Faith » qui closent ces deux LPs dans des vapeurs évanescentes. Dur retour à la réalité.