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25 septembre 2014

Sixtine: « J’ai commencé par produire des musiques pour Marc Dorcel »

par rédaction Tsugi

 

Éric alias Rico The Wizard est un des producteurs piliers de la French Touch, fondateur du label Crydamoure avec Guy-Manuel de Homem-Christo des Daft Punk. Mélanie, une chanteuse et violoniste sensible. Un couple, mais surtout un groupe : Sixtine, qui sortira le 06 octobre son premier album Sweet Sixtine, clin d’œil à l’électro des années 2000. Nous les avons rencontrés dans leur studio rempli de claviers.

Tsugi: Cela faisait longtemps que vous songiez à faire un album ensemble?

Éric Ça s’est fait au fur et à mesure, à force de travailler tous les deux, et surtout parce que Mélanie est une véritable musicienne, avec du talent. En fait, Mélanie faisait déjà de la pop avant. En 2005, elle était venue me faire écouter son album dans le studio où on bossait avec mon pote Romain Tranchard du groupe Modjo. On s’est rencontrés comme ça d’ailleurs !

Mélanie : Oui, au début j’avais composé un album entièrement en français, mais Éric a apporté sa sauce, plus électro, house. Au final, il n’y a plus qu’une chanson en français mais l’album nous ressemble.

Justement cette chanson en français, « L’Exactitude », très sensuelle, fait un peu penser à du Sébastien Tellier sur son album Sexuality !

Mélanie : On nous a déjà fait la remarque, c’est flatteur ! C’est vrai que c’est un des premiers titres qu’on a composé pour l’album, alors qu’Éric venait de co-produire Sexuality, logiquement ça se sent encore un peu.

Éric : C’est sûr, d’autant que certaines rythmiques que j’ai utilisées sur ce morceau sont les mêmes que certaines que j’ai utilisées sur l’album de Tellier.

 

 

« Sweet sixteen », c’est un jeu de mots avec le nom de groupe Sixtine, mais surtout un flashback en plein dans l’explosion de la French Touch ! Nostalgie ?

Éric : À cette époque où Mélanie était ado et fan, nous on était en plein dedans avec notre label Crydamoure et tout le reste ! Au début des années 1990, avant de parler d’électro et de French Touch, on parlait globalement de Techno. C’était un tout petit milieu, hyper-confidentiel, hyper-underground… À l’époque, quand tu entendais de la techno dans une voiture, tu allais voir qui c’était parce que tu le connaissais forcément. À part les soirées Space au Rex et Radio FG qui diffusait du classique le matin, et le soir des cassettes de techno et des émissions de cul hyper-trash, personne n’en parlait ! Certaines personnes disaient même que c’était la « musique du diable », c’était tellement bizarre ce truc avec un pied droit « boom, boom, boom » ! Bizarrement, le hip-hop et la techno tiennent depuis super longtemps, alors qu’on leur avait prédit une fin très rapide. Et puis, il y avait le lien avec drogue. Moi j’ai découvert la techno en prenant des acides…j’avais vingt piges ! En 1991, le père de Thomas Bangalter a produit le premier disque techno que j’avais fait avec un copain, Médéric. La mère de Médéric paniquait, elle l’avait supplié de ne pas sortir le disque, parce qu’elle voulait qu’il finisse ses études d’avocat. Résultat, il ne les a pas terminées et il a monté Pumpkin Records avec moi ! En fait, c’est surtout à partir de 1996, à l’arrivée des Daft Punk, que cette musique a été rendue un peu plus populaire en France. Et puis bien sûr après « Lady » de Modjo, qui a vendu des caisses et des caisses de singles…là, l’underground était terminé.

 À ce sujet, il y a un film très attendu, Eden, qui sort en novembre sur la French Touch par Mia Hansen-Love.

Éric : Oui, je l’ai vu en avant-première d’ailleurs, c’était sympa ! Il y a aussi beaucoup de reportages qui sortent en ce moment sur la French Touch, comme celui qu’a sorti Manu Casana sur Arte récemment. Manu c’est un vieux de la vieille d’ailleurs, c’est encore la génération du dessus, il a connu les prémices de la techno. J’aime pas dire ça comme ça parce qu’on a l’air de vieux cons, mais avant c’était fou ce mouvement, on faisait des fêtes mémorables. Aujourd’hui la teuf est plus sage, moins destroy, et surtout plus compartimentée. Avant, un DJ pouvait jouer aussi bien de la transe que de la house de Détroit que du hip-hop !

D’ailleurs c’est Synapson, la nouvelle génération de l’électro qui a remixé le titre « Press Start » sur votre album…

Éric : Oui, la nouvelle génération. On est très potes avec Kavinsky, Gesaffelstein par exemple. Moi je suis dans la continuité, dans la génération d’avant, je n’ai pas envie de faire LE nouveau son. Avec Guy-Man et Crydamoure, on a inventé un style. Aujourd’hui ce qui se fait, c’est surtout des réactualisations, des ramifications, pas de grosses innovations. Si aujourd’hui on replonge dans la house de Détroit ou des genres comme ça, c’est parce que tout a été super vite… Avec cet album, je voulais rendre populaire ce qui était underground à l’époque, faire quelque chose de plus pop, de plus musical, sur lequel Mélanie puisse chanter.

Donc c’est un album pensé pour parler à beaucoup de monde !

Éric : Oui, on a essayé de faire un album intemporel, dansant, avec un son qui ne vieillira pas. Mais il y a quand même plein de clins d’œil underground dans des morceaux qui n’ont plus du tout l’air underground. Par exemple ‘I May Be A Lion’ est basé sur la rythmique d’un morceau de Digital Boyz, ‘Rotation’, qui est un énorme morceau techno de l’époque. On a fait un morceau avec Romain de Modjo, avec Archigram, des anciens de Crydamoure

Mélanie : C’est une vraie collaboration. Au tout départ, j’avais vraiment flashé sur un morceau d’Archigram, ‘Love Disease’, on l’a retravaillé et on en a fait ‘L’Exactitude’. C’est ce qui a lancé l’idée d’un album avec Éric, le moment où on a commencé à travailler ensemble. Et pour ‘Rain Check’, ça a été évident, on s’est inspiré d’une chanson de nos amis qui ont un groupe de jazz, Siam, on a fait une seule prise !

Mélanie, comment s’est passée cette transition du classique, dont tu es issue à quelque chose de plus électro-pop ?

Mélanie : Je laisse à Éric le côté électro et ingénieur du son, je le laisse aussi programmer ses synthés… De mon côté, je travaille essentiellement sur les paroles et les mélodies vocales. J’aime créer des ambiances particulières, me pencher sur une véritable recherche sur la voix, me servir de la voix comme un instrument…Mais par contre j’ai un violon MIDI dont je me sers beaucoup et que je peux programmer. C’est super pour les lives.

Éric : On est très éclectiques au niveau de nos goûts, et moi, en tant que producteur aussi, j’ai fait des choses assez différentes. J’ai commencé par produire des musiques pour  Marc Dorcel, tu vois ! On voulait un album cohérent, on aurait pu partir sur un style complètement différent…peut-être que le prochain sera dans un autre style.

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