Tsugi parie sur… Nick Monaco
« The weirder, the funkier, the better« . Avec une philosophie comme ça (plus c’est étrange, plus c’est funky, mieux c’est), on ne pouvait que craquer. En découvrant « Private Practice », on n’est en effet pas loin de crier au génie. Pour le premier extrait de son premier album Mating Call, Nick Monaco nous sert plus de quatre minutes de deep groove. Quatre vagues irrésistiblement lascives portées par la voix de Nick Monaco, tantôt pure, tantôt graveleuse
Derrière le « talentueux et sociable » Nick Monaco se cache « une âme timide, maladroite (…) », nous dit-on. On a du mal à y croire. À écouter ses morceaux et remixes, Nick Monaco nous semble plutôt scandaleux, félin, putassier voire et terriblement sexy. Le jeune homme annonce d’ailleurs la couleur (rose, selon sa photo de profil) avec son album Mating Call, « L’appel de l’accouplement », en français
Sa délicieuse extravagance, Nick Monaco la tient sûrement de son attachement à la scène LGBT et aux racines de la house. « En même temps que je m’initiais à la musique dance, je découvrais son histoire, sa culture enracinée dans les communauté gay de New York et de Chicago« , raconte-t-il. Enfant de la baie de San Francisco, « un paradis pour les hippies, les gays, les freaks et tous ceux considérés comme des marginaux ailleurs« , il grandit dans un environnement où « la différence devient ordinaire« . Amateur de théâtre et DJ pour la Black Student Union de son lycée, il se familiarise au discours des minorités en désaccord avec la culture dominante – celle du mâle blanc et hétéro. « J’imagine que toutes ces expériences ont teinté ma vision sur le genre et la sexualité – qui s’est maintenant glissé dans ma musique et mes performances.«
Nick Monaco commence alors à jouer avec Soul Clap, le duo fondateur du label éponyme sur lequel sortira son premier album, et découvre les fondamentaux de la dance. « Je commençais à apprécier et à cultiver l’histoire et les fondements du disco et de la house ; en même temps, je commençais à m’apercevoir que la scène contemporaine était en contraste avec l’âme et les vibrations qui caractérisaient l’esprit premier de la dance moderne. » Incarnation de cette volonté de retour aux sources – et probablement d’une excentricité revendiquée –, il a lancé une marque de rouge à lèvre dont les profits sont reversés aux transsexuels voulant changer de sexe.
Théâtral, il incarne deux personnages antagonistes – l’un candide, l’autre irrésistiblement vicieux – , avec The Butterfly et The Stalker. Le premier (le papillon), plus proche des premiers travaux de l’artiste – largement influencé par Deee-Lite et les premiers sons house new yorkais, dit-il –, est « timide, innocent, a les yeux grands ouverts et a faim de découvrir« . The Stalker (le harceleur), un sex-addict un brin pervers, revendique son voyeurisme et chante d’une voix chaloupée et inquiétante « I see you on the night« . « Il est la manifestation d’un son plus étouffant que j’expérimente. »
Qu’il remixe Alicia Keys ou Dire Straits ou qu’il collabore avec ses collègues des maisons Soul Clap, Dirtybirds et Wolf + Lamb, c’est une musique divinement libre et excessive que l’on découvre – une musique « féminine, sexuelle et intime », comme il l’a définit lui même. L’hédonisme du Studio 54 et la flamboyance du voguing, pour un artiste d’à peine 25 ans. On ne risque pas de s’ennuyer.