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21 juillet 2014

Alter Paname, l’asso parisienne devenue SDF

par rédaction Tsugi

Alter Paname, c’est l’un des derniers nés de la nouvelle fête parisienne. Des thèmes (pastaga, pastèque), des activités (pétanque, massage), une line-up au poil (César Merveille, Brett Longman, Raphaël Murillo, Marc Romboy, Eliott Littrowski…) et des distributions de fruits gratos. Les organisateurs – entre autre, des membres d’OTTO10 et des programmateurs de Platon Record et Glazart – bichonnent leurs invités qui le leur rendent bien. 

Sauf que ces derniers mois, les choses ont un peu tourné au vinaigre. Mis à la porte du lieu où ils organisaient leurs événements, Au Paris 80 à Bobigny, Alter Paname est désormais itinérant. Entretien avec Nicolas Spinola, fondateur et président de l’association.

Tsugi : Peux-tu nous présenter la team d’Alter Paname et votre projet ?

Nicolas Spinola : Je fais partie de OTTO10, j’étais chargé de trouver les lieux. Après un événement au 6B, on a commencé a chercher un autre lieu et on s’est retrouvé Au Paris 80 pour un événement avec Platon record. On a vraiment eu le coup de coeur, c’était un lieu vraiment bien adapté pour ce qu’on voulait faire. Ca s’est très bien passé et le propriétaire du lieu nous a rappelé pour nous proposer de refaire des événements chez lui.

Avec OTTO10, on voulait continuer à faire des événements qui changent de lieux en permanence, sans être récurrents. On a donc monté un autre projet avec une partie des membres d’OTTO10 et d’autres personnes qui viennent d’autres horizons.

On voulait un événement qui soit dans la veine du Camion Bazar, du Microclimat, un évènement qui soit placé sous le signe de la bienveillance, sur un côté un peu plus participatif du public – les gens se déguisent par exemple – mais qui soit récurrent et qui puisse accueillir beaucoup de monde.

On est passionné de fête et de belles fêtes. On ne veut pas juste un line-up et un bar cher pour dépouiller les gens. On est au petit soin et on veut que le public se sente bien. On s’est rendu compte que la meilleur façon d’avoir un public respectueux, cool et super sympa c’est de le faire participer et de l’inclure dans notre organisation. C’est comme si une bande de 1000 potes passionnés de musique se retrouvaient chaque week-end.

Crédit photo : Olivier Bizard (Forecast Label)

Que s’est-il passé avec Au Paris 80 ?

Je pense qu’on est tombé sur un propriétaire des lieux qui n’est pas honnête, qui a vu de l’argent et qui s’est dit « je vais continuer de faire ces événements chez moi, sans eux ». Il nous a tout simplement foutu à la porte de chez lui et a essayé d’acheter le nom sur l’INPI pour être propriétaire du nom qu’on avait inventé.

Heureusement, et malheureusement pour lui, on s’était protégé. Lui prétend qu’on lui a volé quelque chose, il considère que c’est son idée et nous reproche d’avoir fait ce qu’on avait à faire, à savoir déclarer notre nom à l’INPI, monter une association, tout ce qu’on a fait pour pouvoir travailler chez lui. On n’était pas là pour se faire un max de fric, je pense que lui oui, le dilemme est venu de là. On avait pas du tout la même philosophie, c’était voué à l’échec.

Où en êtes-vous désormais ?

En ce moment on est en train de chercher des lieux qui nous ressemblent, on ne peut pas aller n’importe où avec notre concept. Entre temps, il y a beaucoup de lieux qui ont vu ce qu’on faisait et qui sont prêts à s’adapter, à transformer un peu le lieu et à « l’Alter Panamisé ». On a déjà fait une fête au Cabaret Sauvage. On a eu des propositions intéressantes, on est en train de creuser.

Vous avez du laisser les installations. Qu’est ce que ça implique pour vous ?

Tout ce qu’on a construit est resté sur place. On aimerait les récupérer mais on n’espère pas trop. Et puis tu ne peux pas récupérer une peinture par exemple, elle est sur le mur. Il y a des structures métalliques dont il a repris la location auprès d’une personne qui travaillait avec nous, une énorme structure en bois autour d’un bac à sable qui va rester là-bas, le dancefloor du Camion Bazar aussi… Enfin énormément de choses. Pour nous, ça veut dire beaucoup de travail pour rien.

Vous dites être désormais sans ressource, comment ça se fait ?

On avait investi, on avait mis de l’argent pour que ça fonctionne et cet argent on ne le reverra jamais. Ça représente beaucoup d’argent et beaucoup de temps. Je ne peux pas donner le chiffre exact parce que c’est entre les mains d’un avocat.

Vous avez donc engagé un avocat…

On a pas le choix. Il y a six mois de travail là-bas, six mois de travail anéanti, parti. Même si on voulait éviter de passer par un avocat on ne pourrait pas pour la simple raison qu’on a des comptes à rendre à des gens. Et puis personne n’a été payé dans l’équipe.

Comment tu vois la fin de cet épisode, la fin de l’été et la suite ?

Pour la suite on va considérer qu’on est l’Alter Paname itinérant. On est l’Alter Paname avec nos valeurs, notre façon d’organiser les événements, on va garder exactement la même charte mais on n’est plus sédentaire comme on avait choisi de l’être.

On va faire tout pour trouver des lieux qui ressemblent le plus possible à ce qu’on a voulu construire Au Paris 80. Chez nous c’est avant tout le partage, des valeurs qui se perdent un peu dans les fêtes à Paris donc on a voulu développer ça.

Vous avez mis un KissKissBankBank. Finalement, c’est comme si vous vendiez des préventes…

Grosso modo oui. La contrepartie à un don c’est une invitation pour le prochain événément. On a voulu donner des petits cadeaux, mais on a pas grand chose. Mais je pense que venir, c’est déjà un beau cadeau.

Penses-tu que vous allez pouvoir continuer avec ce projet ?

Malheureusement on ne pourra pas faire l’été comme on voulait le faire mais on aimerait continuer aussi l’hiver, d’une façon différente. Ce qu’on ne veut pas c’est de faire dans le club classique. C’est ce qui nous rebute, ce qu’on veut changer. 

On se rend compte qu’il y a de plus en plus de lieux prêts à accueillir ce genre d’événement et qui sont même en demande. J’ai bon espoir pour la suite et je pense que ce sera un nouveau départ, un bon nouveau départ. Cette fois-ci on fera plus attention avec qui on fait les choses et comment.

Notre projet recommence à partir de maintenant. On pense pouvoir organiser une soirée à partir du 10 aout. On ne peux pas encore parler des lieux; si on est itinérant c’est bien que ce soit une surprise. Si on garde le secret et si on prend notre temps c’est justement pour trouver un lieu sympa. 

Sais-tu déjà qui jouera ?

Pour l’instant on essaie de récupérer les contrats avec Au Paris 80. Les bookeurs s’inquiètent mais on reste en contact avec eux. Evidemment, c’est un programme qui nous plaisait. On se retrouve un peu tous dans le même bateau : les programmateurs, nous et les bookeurs face à ce type qui, au final, n’assume pas ses responsabilités.

 

Sur sa page Facebook, le propriétaire de Au Paris 80 apporte sa version : « Le Restaurant Au Paris 80 a créé Alter Paname il y’a quelques mois afin d’organiser des soirées auxqu’elles vous avez pu assister. (…) Qu’elle fut notre surprise d’apprendre que ces deux personnes étaient entrain de nous voler notre enseigne de Alter Paname !   » (sic.). Contacté par Tsugi, il explique les avoir foutu à la porte « comme des malpropres » après s’être rendu compte que le nom Alter Paname avait été déposé à l’INPI par les membres de l’association. Il estime être propriétaire du concept puiqu’il les « [a] payé pour penser » et que « moi aussi je pense », ajoute-t-il. Selon lui, le nom Alter Paname a été choisi pour garder les initiales du Au Paris 80. Concernant les installations laissées sur place, il affirme en avoir construit « les trois quarts ». 

 

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