On y était : Festival Papillons de nuit
Le festival Papillons de nuit, à Saint-Laurent-des-Cuves (Manche), a accueilli cette année plus de 50.000 visiteurs du 6 au 8 juin. Une affluence record pour cette 14e édition à la programmation éclectique, allant de Stromae à Gesaffelstein en passant par Fauve. La chaleur de ce week-end de la Pentecôte se fait partout sentir dans le train qui mène au festival normand. Dans les corps serrés et dans les regards excédés. Arrivées sur le site vallonné où sont posées trois scènes, on respire enfin. Les gamins courent dans une odeur de graillon : pour ce premier jour, l’ambiance est étonnamment familiale.
Vers 20 heures, la folk d’Irma se propage depuis la scène principale. Le public est sage et l’herbe verte n’est pas encore ce mélange à venir de boue et d’alcool. Le sursaut vient grâce au solaire Naâman. Le jeune Dieppois converti au reggae déverse un flot rythmé de paroles en créole jamaïcain, devant des filles en délire. Une bonne introduction à la tête d’affiche de la soirée : Stromae. La nuit est tombée et le Belge, dans une mise en scène très étudiée et complètement hypnotique, embrase durant une heure les festivaliers, pour beaucoup des pré-ados.
La faim me tiraille l’estomac. Ici, c’est sandwich saucisse. Près du stand « On aime la viande », un type bien imbibé gambade nu et l’on s’attarde finalement devant SKIP&DIE. Le duo néerlando-sud-africain au son électro/hip hop frénétique et aux excentricités capillaires est assez fascinant, mais la pluie, compagne collante, nous pousse vers la sortie.
Le lendemain, certains dorment d’un sommeil comateux sur la terre molle, des verres, des bouteilles partout. En début de soirée, la pop joyeuse de Gaëtan Roussel succède au concert pas très convainquant de Julien Doré. Et voilà les Foals. Le groupe d’Oxford, tout biceps dehors, joue ses morceaux avec un déferlement de violence bienvenu dans un live plus énergique que ses albums.
Quelques mètres plus loin, le tant attendu Gesaffelstein entre en scène. Ce nouveau pilier des festivals enchaîne – au début un peu trop rapidement – ses morceaux phares dont « Viol » ou « Control Movement ». Dans un halo de lumière, il est posté derrière ses machines, cachées par un caisson de bois posé sur un podium, nous entraînant dans de sombres contrées. Après ce choc techno, l’enchaînement avec Fauve prend alors un tour étrange. Le mal-être d’une génération éclate à 1 heure du matin avec les titres du très réussi Vieux Frères Part 1. Pour une descente qui laisse songeur, à mille lieues de David Guetta qui se produira le soir suivant. Clap de fin.
Ozal Emier