En direct de Koriass à la Dame de Canton (Paris)
Qu’on fasse la fête à Lunice lorsqu’il officie dans TNGHT ou qu’on dise connaître deux ou trois tubes de Jean Leloup est une chose, mais que connaît-on réellement, en France, de la scène musicale québécoise mis à part les quelques coups de cœur qu’ont pu relayer certains médias en ces récentes années de regain de québécophilie (Avec Pas d’Casque, Misteur Valaire…) ? Pas grand chose finalement, et d’autant moins dans la sphère du rap qui, il faut croire, serait trop « de niche » pour pouvoir titiller l’attention des mélomanes hexagonaux. Et pourtant, Koriass a transpiré à grosses gouttes pour devenir ce qu’il est dans sa belle province, et le succès qu’il rencontre outre-Atlantique est aussi impressionnant que mérité.
On imagine donc qu’il ne doit pas être facile pour ce rappeur trentenaire à la gueule de poupon de débarquer sur le sol européen par la petite porte, alors qu’il aurait justement pu bénéficier de ce vent de sympathie générale pour la scène québécoise en France. Qu’importe, la Dame de Canton, clairsemée mais très attentive, aura le droit à un vrai show, mené par un groupe qui offre autant que s’il était aux Francos de Montréal. Et pour les quelques fans dévoués à ce phénomène, ça fait du bien. La formation live (batteur-bassiste-DJ-paire de MC’s) fait oublier en un instant nos craintes d’avant-concert : oui, on se place plusieurs crans au-dessus de la prestation hip-hop standard, souvent difficile à transposer en live.
Accompagné de son acolyte Bobby One (qui vient lui aussi de passer le cap du solo avec son premier album sorti en fin d’année dernière), Koriass tape majoritairement dans le répertoire de son dernier album en date, Rue Des Saules, qui a eu l’occase de squatter pas mal de top 10 au moment des fêtes. Ça joue sur les ambiances soul, ça se confie, ça fait des vannes entre les morceaux, bref, ça sait mener une barque sans trop se prendre au sérieux, et tout en restant d’une humilité et d’un professionnalisme qui auraient pu faire défaut à bien des artistes dans ce genre de conditions. Bref, le type est content d’être là, et il tente de le montrer autant que possible. « Enfant de l’Asphalte », probablement son morceau le plus connu à ce jour, est entamé a capella et repris par les premiers rangs, ce qui a l’air d’étonner les maîtres de cérémonie, qui dérouleront leur set avec remerciements réguliers. Forcément, à la fin du dernier morceau, la sortie de scène s’improvise à petits pas, un ange passe, mais tout le monde s’en fout, personne n’est venu pour maintenir les barrières artistes-public. La soirée se finira sur le quai, à coups de « bravo, merci, c’était mortel », on fait chauffer Instagram, on aurait presque l’impression d’être entre potes. Ce qui a l’air de contenter tout le monde, même si on continue à penser que ces types méritent mieux lorsqu’ils viennent tourner chez nous. Allez, il reste trois dates à sa tournée française, on serait bien avisés de leur faire péter trois « full capacités ».
Rue Des Saules (7ème Ciel Records)
28 février – Bobigny
1er mars : Aubagne
3 mars : Nîmes