Hanni El Khatib : « En tournée, des choses folles arrivent tous les jours »
Hanni El Khatib nous avait laissé dans la crasse avec son premier album Will the Gun Comes Out (2011) et ses morceaux rentre-dedans délicieusement rock’n’roll. Le nouveau prodige du rock s’est offert les services de Dan Auerbach (The Black Keys) pour enregistrer Head In The Dirt, sorti plus tôt dans l’année. Plus propre, ce second opus a l’avantage de proposer des titres variés et efficaces, ce qui a conquis notre rédaction au point de le caler en couv’ en mai dernier. Hanni El Khatib inaugure sa série de dates françaises ce soir à la Cigale, nous avons eu la chance de discuter avec lui de la tournée, de son public, et même de Johnny Hallyday !
Tu as fait beaucoup de concerts aux États-Unis, maintenant tu démarres la tournée en Europe. Comment c’est d’être à nouveau sur la route ?
C’est cool, on tourne pour Head In The Dirt depuis février. On a fait pas mal de dates, de festivals en Europe tout l’été, une série de concerts aux États-Unis et une tournée promo. Nous n’avions cependant pas l’impression de faire une vraie tournée, jusqu’à ce qu’on commence la série de dates aux États-Unis qui a duré six semaines. On a fait 32 concerts concerts je crois. C’était l’une des choses qui nous a fait sentir que la tournée commençait réellement. Quand on a fini ces dates-là, on a eu quatre jours de repos, et là je viens d’arriver à Paris, lundi on part à Bruxelles pour ouvrir cette tournée européenne. C’est la dernière ligne droite avant la fin du cycle de cet album. On a travaillé toute l’année, l’album est sorti, on a joué quasiment tous les jours, donc on se dit que là on arrive à la fin du truc. Je ne sais pas quand on rejouera à Paris. On joue en Europe jusqu’à fin décembre, ensuite on retourne aux États-Unis, puis on part en Australie faire une tournée de trois semaines.
Tu as fait plusieurs festivals comme le SXSW, Coachella, Rock en Seine parmi d’autres. Tu es content d’être de retour sur tes propres concerts ?
Oui ça fait du bien. Les festivals c’est cool mais quelque part on est à la merci d’autres personnes. Tu dois te dépêcher d’être à tel endroit, foncer sur scène, partir de la scène le plus vite possible, parfois on ne peut pas faire de répétitions ou alors ça doit être rapide. La seule fois où l’on a vraiment eu la liberté de faire ce qu’on voulait et de jouer plus longtemps c’était à Rock En Seine, on était les derniers à passer sur scène.
Tu préfères quelle configuration, au final ?
Il y a des fois où je ne supporte pas jouer dans des festivals, je n’ai pas envie d’y aller, c’est le dernier endroit où je veux faire un concert. Mais cela arrive aussi que ça soit incroyable : le dernier Rock en Seine était génial pour nous. Faire partie des têtes d’affiche de ce festival était énorme. Je sais que dans la foule il y avait des gens qui n’étaient pas là pour nous voir, c’est évident, mais pour je ne sais quelle raison ce concert était très spécial : j’ai senti une connexion avec le public. C’est rare quand cela arrive dans les festivals. Dans mes propres concerts c’est plus facile de sentir quelque chose avec le public puisque les gens sont là pour nous voir. Ce n’est pas comme quand ils sont bombardés de musiques différentes toute la soirée.
Y a-t-il une date qui vous a marqué toi et tes musiciens, sur laquelle quelque chose de spécial s’est passé ?
Sur cette tournée, je pense que notre concert le plus mémorable est le dernier que nous avons fait chez moi à Los Angeles, au El Ray Theater. C’est un lieu très spécial (c’est un cinéma) à Los Angeles et aussi pour moi-même. J’ai vu des shows exceptionnels à cet endroit, et c’était très important pour nous d’y jouer. Le dernier jour de la tournée américaine, tout le monde était stressé. On en avait marre de se voir dans le groupe, le concert était complet, tout nous amis étaient là. Il y avait des gens connus dans le public comme les membres des Black Lips, Best Coast, ou même Morrissey qui était juste assis à côté de ma mère. Ouais, c’était vraiment le concert le plus mémorable de la tournée.
Tu arrives toujours à skater un peu ? Tu as déjà pensé à installer une rampe de skateboard sur scène pour combiner tes deux passions ?
Je fais de mon mieux pour séparer ma passion pour le skate et la musique. J’ai toujours beaucoup d’amis qui sont dans l’industrie du skate : ils font des films, des vidéos, des photographies à un niveau pro. Je les laisse toujours utiliser mes chansons pour illustrer leurs vidéos, toujours. S’ils en préparent une nouvelle, ils m’appellent. C’est vrai que ça serait drôle quand même de faire les deux sur scène ! Je crois que Lil Wayne le fait déjà. J’ai quelques amis skateurs qui sont en tournée avec lui et en gros ils ne font que fumer des joints et faire du skate ! (rires)
Cette tournée va être différente de la précédente ?
On joue le nouvel album du début à la fin et on refait quelques chansons du premier, parfois retravaillées. On joue toujours également notre reprise des Cramps ! Mais à part ça, des fois on joue l’album dans l’ordre des chansons, d’autres fois non, ça dépend du public et du pays devant lequel on est. Certaines chansons sont plus populaires que d’autres dans les différents pays. On s’adapte de notre mieux.
Le public français t’attend avec impatience, que lui prépares-tu ?
C’est toujours un challenge, surtout pour les gens qui nous ont vus avant, de garder une certaine fraîcheur sur scène, d’amener de la nouveauté. On est devenu un vrai un groupe avec les musiciens, on a tous notre rôle à jouer sur scène. maintenant je peux vraiment ressentir que les morceaux que l’on joue sont au meilleur de ce qu’ils peuvent être. C’est toujours un concert fou et très bruyant que l’on donne ! Dans l’ensemble, on a tous grandi en tant que musiciens.
Que penses-tu du public français ?
Je ne vais pas me plaindre du public français, avec nous il est toujours chaleureux et à fond à chaque concert ! C’est dur de mettre le public de ton côté parfois. A Paris le public est dur à faire bouger, les gens ont du mal à s’amuser ou alors ils ne le montrent pas. Mais pour nos concerts cela se passe souvent bien donc c’est cool.
Tu as fait la première partie des concerts de Johnny Hallyday au printemps dernier. C’était comment ?
C’était cool ! Il fait de la musique depuis qu’il a seize ans. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent mais bon… On m’a dit « mais pourquoi tu fais ça ? C’est ridicule. » Comme je ne suis pas Français, je n’ai peut-être pas la même opinion à son sujet. Je le respecte car c’est un artiste qui a su bâtir une carrière solide, il mérite la place qu’il a aujourd’hui en France. Ce n’est pas donné à tout le monde de durer aussi longtemps. J’aimerais faire la même chose : enregistrer de la musique et faire des concerts à 70 ans c’est remarquable. Le soir de son concert-anniversaire, il a joué 2 heures et ensuite une heure et demi de plus à l’after show. Mon groupe est fatigué après 40 minutes de live ! (rires) Cependant, c’était difficile de jouer devant ses fans : les dix premiers rangs étaient remplis de sosies de Johnny. Ils n’étaient pas là pour nous voir, sur le moment c’est assez difficile à supporter, mais comme c’est lui qui nous a invité à faire sa première partie, à la fin on s’en fichait.
As-tu eu la chance de passer du temps avec lui ?
J’ai pu discuter avec sa femme, et avec lui très brièvement. Il a un staff incroyable autour de lui. On a été obligé de faire la queue pour aller lui parler dans les coulisses. J’ai écouté sa musique, j’aime les chansons de ses débuts, très rock’n’roll.
En France, les filles jettent leur soutien-gorge sur scène, tu n’as pas peur ? C’est quoi la chose la plus folle qu’un fan a fait pour toi ?
Je sais, c’est tellement étrange. Pourquoi font-elles ça ? Je crois que quand on avait joué à Bordeaux, une fille était monté sur scène et s’était déshabillée. Je me suis dit « What the fuck ? » (rires) J’ai pas mal de photos marrantes sur mon téléphone (il les montre, ndlr). La tournée est comme une boucle floue où des choses folles arrivent tous les jours. Tout peut arriver. La dernière fois qu’on a joué à Berlin, on m’a frappé au visage, mais une semaine plus tard je n’y pensais plus car il s’était passé entre temps mille trucs de fous.
Penses-tu que tu auras le temps de visiter Paris pendant que tu es en France ? Visites-tu généralement les villes où tu joues ?
Si on a le temps, on visite les villes oui. On adore aller aux musées et se promener. On essaie de trouver des endroits où manger les bons plats typiques de l’endroit où l’on se trouve. Paris c’est facile pour moi car je suis venu tellement de fois ici. Tous mes amis vivent ici. Je pourrais probablement m’installer à Paris et m’y sentir bien. Sauf pour la barrière de la langue. Ce que j’adore avec la tournée, c’est que je reviens dans des villes où j’ai déjà joué, je me rappelle des endroits que j’ai déjà visité et je peux en découvrir plus encore.
Vous allez faire plusieurs dates en France, donc vous allez pouvoir approfondir votre relation avec la culture française. Qu’est-ce que tu connais déjà et que vas-tu chercher à découvrir ?
Je veux passer plus de temps à apprécier les villes où on va jouer, faire plus de recherches sur les endroits cools et alternatifs où sortir. Avec les musiciens, je pense qu’on est de meilleurs voyageurs maintenant. On veut trouver des bars cools pour se bourrer la gueule, mais pas ceux où tous les touristes vont. On a eu beaucoup de mauvaises expériences où l’on s’est retrouvé pris au piège du touriste, dans des endroits connus mais pas forcément très intéressants. On ne veut pas refaire ça cette fois.
Un dernier mot en français ?
J’te kiffe. Wesh wesh.
Hanni El Khatib en tournée dans toute la France :
12/11 – La Cigale – Paris
13/11 – Rock School Barbey – Bordeaux
14/11 – Le Bikini – Ramonville
16/11 – Espace Julien – Marseille
17/11 – Coopérative de Mai – Clermont Ferrand
19/11 – Vapeur – Dijon
20/11 – La Laiterie – Strasbourg
21/11 – Le Splendid – Lille
22/11 – Le Cargo – Caen
23/11 – La Sirène – La Rochelle