Interview : 3 questions à James Blake
On était à Londres la semaine dernière pour voir James Blake en live et lui parler de son nouvel album. Extraits.
Je me souviens d’avoir interviewé Mount Kimbie en juin 2010, à l’époque tu étais le petit nom de la scène post-dubstep bourgeonnante, derrière eux ou encore Joy Orbison. Que s’est-il passé pour que tu les éclipses en popularité ?
Le chant, mec, tout simplement. Aujourd’hui on a tous accepté la situation, on a tous accepté ce qui a changé. Et on se parle de la même façon qu’on se parlait il y a quatre ans, je suis toujours aussi amoureux de Mount Kimbie. Je les aime tous les deux pour leur musique autant que pour les êtres derrière. Et inversement (rires). Mais voilà, ils ne chantent pas, c’est tout. Quand la voix entre en lice, les gens s’intéressent plus parce qu’elle agit comme un porte-parole. L’auditeur parvient à identifier la personne derrière la musique, la voix dessine une silhouette. En plus elle offre quelque chose à fredonner, à chanter avec l’interprète. La hype que j’ai eue est le résultat de cela. Et ils n’ont rien sorti depuis longtemps, ce qui devrait changer : leur album est plus ou moins fini en tout cas. Je crois que leur musique est vraiment importante, qu’elle compte dans l’histoire de la musique, ils sont tellement différents des autres. Kai (la moitié de Mount Kimbie, ndlr) est venu à la maison l’autre jour, je l’ai forcé à écouter l’album et il l’a beaucoup aimé. Je crois que s’il ne l’aimait pas ça m’affecterait. Énormément.
2012 était une année plus calme pour toi, enfin. Tu avais besoin d’une pause ?
Je crois surtout que le monde avait besoin d’une pause, une pause sans moi. J’avais sorti bien assez de musique, c’était mon sentiment. Les gens commençaient à avoir quelques sarcasmes cinglants à mon égard, moquant mon accumulation de sorties. “Si les gens pensent ça je vais les laisser un peu tranquilles”, c’était mon raisonnement. Après la tournée j’ai bel et bien coupé les ponts pendant un an. Quasiment plus de concerts, plus de sorties etc. Je me suis réinstallé durablement à Enfield (au nord de Londres, ndlr), avec mes parents, tout en faisant beaucoup d’allers retours à Los Angeles où vit ma copine. Je viens seulement de me prendre mon propre appartement, vers Brixton (le sud de Londres, ndlr). J’étais tellement pépère chez mes parents. J’avais besoin de m’éloigner de toute préoccupation et le seul moyen de faire ça c’était de ne pas être le chef du logement. Et d’aller un peu dans la campagne, donc chez mes parents c’était parfait.
Que faisais-tu pour décompresser ?
Principalement jouer à des jeux sur ordi et me masturber. Deux des vrais plaisirs de la vie (rires). J’ai eu deux ans très très éreintants, revenant à la maison pour 24 heures, le temps d’ouvrir ma valise et de demander gentiment à ma mère de laver mes vêtements. “Salut maman, ça va ? Voilà mes fringues”. Je n’avais pas le temps de voir mes amis ou de parler avec mes parents. Ce n’est pas mon but dans la vie d’être sur la route tout le temps. Donc j’ai pris du temps pour être gentil avec ma mère… et me masturber. Pas les deux en même temps (il éclate de rire) ! Ça m’a pris quatre mois chez mes parents pour ne serait-ce que remettre les pieds dehors ! Je me levais, vagabondais dans la maison, passait la journée devant mon ordi ou invitait quelques amis.
Propos relevés par François Blanc