Positive Education 2017: instruisez-vous qu’ils disaient
« Qu’est ce que tu vas faire à St Etienne ? » Bonne question. Il fallait vraiment un prétexte valable pour s’arrêter dans la commune stéphanoise, et ce n’était pas le football, croyez-le. Mais le weekend dernier se tenait bel et bien un petit festival à la programmation tout simplement irrésistible. Après une édition #0 « vraiment vénère » en 2015, les programmateurs Charles et Antoine ainsi que toute une équipe de machines de guerre, bénévoles inclus, montaient cette année encore un Positive Education digne de ce nom. Oui, ça valait le détour.
On a fait le trajet de Paris, à peine trois petites heures de train, un wagon-bar rempli à craquer de festivaliers qui sont déjà au vin blanc à 14 heures. On nous affirmera après coup que le tiers des participants provient de la capitale, on ne sera pas si dépaysés que ça. Les conditions techniques paraissent optimum : le pass 3jours est à 50euros seulement, tout le monde a trouvé un Airbnb pas trop cher pour le weekend, et la superficie de la ville permet que les différents groupes d’amis soient non seulement proches du Quartier Manufacture où a lieu l’événement que les uns des autres. Bienvenue dans la colonie de vacances du Positive !
On a tenu à venir dès le premier jour du festival, jeudi, pour assister – entre autres – à un des rares concerts de Trisomie 21 depuis un moment. Le groupe vétéran français vient de sortir un nouvel album en novembre de cette année et compte bien en profiter pour tourner davantage. Le chanteur Philippe Lomprez arrive sur la grande scène (Bat.242) les mains dans les poches, veste sur le dos, désinvolture palpable, ce qui n’empêche pas lui, son frère Hervé et un troisième musicien de prolonger leur live un peu mou de près de 45 minutes, finir enfin par « The Last Song » et décaler tout le line-up (Oko DJ, Mick Wills…). On s’est clairement plus éclatés avec le She Past Away, le duo turc gothic-rock-dark-wave aux airs de The Cure et tout son public ultra-looké (crayon noir et New Rock aux pieds). Après un coup de vin chaud et un morceau de set ambient avec le boss de Public System Recordings aka Myn, on est restés camper dans l’autre salle (La Galerie), et devant le set d’Elena Colombi (résidente NTS) et aussi devant les lives d’Epsilove (tête chantante échappée de Syracuse), sur qui on mise beaucoup pour la suite, et du duo lyonnais The Pilotwings. On part se coucher en prévision de la déferlante musicale qui va nous tomber dessus les jours suivants.
Vendredi on doit partager notre temps et notre enveloppe corporelle entre plusieurs groupes… Ce qui n’est pas chose aisée, mais une volonté de fer nous anime. Charles et Antoine aka Les Fils de Jacob, les orgas, sont aux anges : ils seront sold-out ce soir et demain. 1500 personnes par soir. Ils ne savent pas exactement comment la sauce a pris d’année en année, mais c’est un mélange de bonne vibe, de copains, de DJs hyper-motivés, de musiciens live de qualité. « Ça s’est fait très naturellement ». Cette année, c’est aussi la première fois qu’ils reçoivent des petites subventions de St Etienne. La ville, qui voudrait une nouvelle dynamique économique plus propre, ne les déteste pas, mais « les teste encore ». La stratégie de désenclavement marche pourtant plutôt bien, et le Positive Education avait été classé cette année par Resident Advisor dans le top 10 des festivals européens. Casting de rêve ce vendredi soir avec une série de lives qui n’avait en effet rien à envier aux plus grands : Rrose en forme olympique, Maoupa Mazzocchetti qu’on espère revoir bientôt ; mais aussi Varg et Broken English Club qu’on a un peu survolés puisqu’on préfère in fine les écouter tranquillement chez nous. Mais également une série de sets haute voltige : le Hollandais d’Identified Patient signé sur Pinkman qui nous a fait beaucoup de bien, Parrish Smith, Low Jack, Regis et sa techno carrée et efficace. Mention spéciale pour la salle centrale « Bat 249 » qui venait d’ouvrir ce soir-même et où Zaltan, Credit 00, Tapan, Kris Baha etc. se partageaient les commandes du dancefloor, menant sans relâche toute une troupe de joyeux allumés.
Il est 5 heures tapantes, une navette vient nous chercher pour nous amener à l’after, « Le clapier », lieu un peu angoissant dont on s’échappera vite pour rejoindre en (formidable) équipe notre (formidable) appart’ architecte avec jardin.
Quelques heures plus tard, après une virée avortée au Musée d’Art Moderne après laquelle on se rabattra finalement sur le Lidl du coin pour renouveler les stocks de canettes, on s’inquiétait un peu du line-up du samedi soir. Aura-t-on assez de forces pour encaisser le choc musical ? Bizarrement oui. Même si les gens dégoulinent un peu, comme la météo. On retiendra la claque de Voiron déchaîné en live, le duo Deuil1500 (cerveaux de Metaphore Collectif) en live, les sets de DJ AZF experte en fusion atomique techno, Ed Isar et sa selecta léchée ou encore toute la clique Iueke/ Phuong Dan/ Sacha Mambo/ Tolouse Low Trax (prestation ultra savoureuse), Vladimir Ivkovic (de Düsseldorf). Si on a eu de très bons échos des performances d’Ancient Methods et de Vatican Shadow dans la salle Bat.242, on adhère aux enceintes devant Manu Le Malin tel un chewing-gum sous une bask’ après un weekend de teuf. Charles nous avait affirmé un peu plus tôt : « c’est lui qui a voulu venir jouer, il est venu les trois jours ». Plus qu’une valeur sûre, le Français est un véritable génie des platines, habile d’un style hardcore au sens large qu’on redécouvre sans cesse. Pour un closing on ne pouvait pas rêver mieux.
On passe en vitesse à l’after pour écouter December qu’on a pour coutume d’aimer en toutes circonstances, mais on a déjà tout donné et on ira s’échouer bien vite dans le train direction Gare de Lyon. Fin de la session d’apprentissage 2017, de cette « parenthèse agréable », merci l’équipe, un bon point pour tout le monde, on réserve déjà notre place pour l’année prochaine !
Meilleur moment : Quand tes voisins de danse ont été successivement She Past Away ou Manu Le Malin. Sur scène ou sur la piste : même vibrations positives.
Pire moment : Ce moment étrange où tu réalises que la salle de l’after ressemble à un Buffalo Grill et ses videurs à des agents du GIGN.