Justice à l’AccorHotels Arena : le feu d’artifice
Plus de 500 000 Français souffrent d’épilepsie. Espérons simplement que personne parmi ce presque 1% de la population du pays n’avait fait le déplacement à l’AccorHotels Arena – anciennement Paris-Bercy – samedi soir, car Justice s’était bien décidé à faire péter la note d’électricité. C’est simple, jamais on n’avait vu de lightshow pareil. Stroboscopes, faisceaux partant dans tous les sens, panneaux tournant à 360, à la fois miroirs, spots et murs de LEDs, projetant autant de paillettes, étoiles et monochromes lumineux… Chaque morceau a eu le droit à son ambiance lumineuse, avec une nette préférence pour le blanc, le noir, l’or et le rouge, toujours dans-ta-face, toujours plutôt classe. Plus qu’un concert, c’est un spectacle qu’ont offert Gaspard Augé et Xavier de Rosnay qui, soyons honnêtes, n’ont pas beaucoup touché à leurs instruments pendant les deux heures de show. Mais en même temps, ce n’est pas pour les solos de guitare que chacun vient voir Justice : écouter les tubes du duo remaniés spécialement pour le live, s’en prendre plein les mirettes, et danser comme des petits fous, c’est tout ce qu’on demande. Et des petits fous qui dansent, il y en avait plein.
Il faut dire que la foule dans la fosse, composée à la grande majorité de mecs blancs autour de 25 ans, a été bien mise en jambe par un warm-up de Surkin, Myd, SebastiAn et Busy P, ce dernier n’hésitant pas à prendre le micro, à l’ancienne, pour introduire le concert du duo star de son label Ed Banger… Non sans caler un petit « Si ya des copains dans les gradins, je cherche deux places pour Mariah Carey pour ma meuf et moi » – vu que pas mal de beau monde avait fait le déplacement, des membres du label à DJ Pone en passant par Kim Chapiron, ça valait le coup d’essayer ! A peine le temps d’aller chercher un verre que débarque le duo sur scène, entouré de ses maintenant habituels amplis Marshall, la croix jamais très loin. Les premières notes de « Safe & Sound » résonnent au milieu des cris du public, vite rattrapées par les voix enfantines de « D.A.N.C.E. ». Tous les portables sont dégainés pour filmer le début du concert… Puis le début de CHAQUE morceau. Une impression d’être à la Fnac en plein milieu d’une démo de smartphones franchement lourde, tout juste rattrapée par la toute fin du show, quand tout le monde demande un rappel : fatigués de hurler, les spectateurs dégainent spontanément le flash de leur téléphone, pour autant d’étoiles dans la fosse et les gradins… Magique ! Traitez-nous de réac’, mais c’est la seule utilisation acceptable de son mobile pendant un concert. Bref.
« Love SOS » qui rentre dans le crâne et accompagné de couleurs Tequila Sunrise, « Genesis » incontournable dont la mélodie est reprise en choeur façon stade, « Civilisation » dans un décor apocalyptique où l’on aperçoit tous les câbles qui alimentent les lumières (et il y en a pas mal !), « Pleasure » et les panneaux publicitaires de Bercy qui s’illuminent… Tout est impressionnant, tout est tube, jusqu’au moment fatidique où, à la fin de « DVNO », résonne « Stress », toujours aussi efficace. Quelques minutes plus tard, le duo se fige, en mode un-deux-trois-soleil, pour ensuite balancer son remix de « We Are Your Friends », le premier morceau qui l’a fait connaître. Après le fameux rappel au téléphone, ils apparaissent en haut des gradins, s’offrent un petit bain de foule en redescendant, puis un à la toute fin du concert où Xavier de Rosnay finit porté, debout, par les premiers rangs… Les deux Justice profitent, se font plaisir, et nous aussi. Alors oui, tout ça ressemblait plus à un spectacle son et lumière ultra impressionnant qu’à un concert à proprement parlé. Mais encore une fois, on s’en fout : on a usé nos semelles, on a été ado à nouveau, et on était 18 000 dans ce cas.
(bon, on a quand même filmé quelques minutes, en attendant le replay par Arte Concert)