Non, Marlon Hoffstadt ne se résume pas aux 3 millions de vues de « Shake That »
En grandissant à Berlin, Marlon Hoffstadt a très vite été initié aux musiques électroniques. Dès l’âge de 15 ans, il commence à sortir dans les clubs de la capitale allemande et souhaite naturellement devenir DJ. Très vite, il se rend compte qu’il est difficile de se faire booker sans produire. Il se lance donc plus déterminé que jamais, et après d’innombrables tutoriels, il produit son premier morceau à l’âge de 17 ans. Il se fait d’abord remarquer sur la toile grâce à des remixes de Selah Sue, Nils Hoffman ou encore C.R.O, avant de sortir son premier EP en collaboration avec HRRSN, Skin & Bone, sur le label d’Oliver Koletzki, Still Vor Talent. Son style évolue naturellement au fil des années et des rencontres, d’abord deep et mélodieux, puis changement de cap depuis un an comme le montre son nouvel EP Observing The Known, sorti sur le label Ransom Note, définitivement empreint aussi bien de house de Chicago que acid. Le temps d’un échange téléphonique, Marlon nous a raconté sa jeunesse à Berlin, son vif succès 2.0 si spécifique à toute une nouvelle génération de producteurs nés dans les années 90, et son récent retour aux sources.
Tu as grandi et tu vis actuellement à Berlin. En quoi cette ville t’influence ?
Je pense qu’au début la ville a beaucoup influencé mon style de production. Beaucoup d’artistes avec qui je jouais, et d’autres que je voulais égaler, étaient basés à Berlin et faisaient partie de cette « scène berlinoise ». Mais quelques temps plus tard, après avoir sorti le morceau « Shake That », j’ai remarqué que je ne voulais pas aller dans cette direction musicale. Maintenant je ne cherche plus du tout à appartenir à cette sphère.
La scène berlinoise est grande, et cela doit être difficile de se faire un nom… Quel rôle a tenu internet dans ta carrière ?
Un bon exemple, c’est quand je vais sur des shops en ligne comme deejay.de ou decks.de pour checker les nouvelles sorties. C’est fou le nombre d’EPs que publient de nouveaux labels dont je n’ai jamais entendu parler. Pourtant, la plupart du temps, ces artistes ont une bonne fanbase sur les réseaux sociaux. Depuis que j’ai commencé à produire, Internet est indispensable. Il y a tout une autre dimension qui est arrivée avec les promoteurs, les RP, et tout cette hype internet, tout ça devient de plus en plus important, ce qui n’est pas forcément bien. Aujourd’hui j’essaye de m’éloigner de tous ces réseaux.
Tu as connu un vif succès avec ton hit « Shake That » en collab’ avec Dansson (alias David Keno), qui contrastait avec la deep mélodieuse de tes débuts. Comment en-es tu arrivé à produire un tel morceau ?
Je jouais pas mal dans les clubs à cette époque et un ami m’a présenté à David Keno, le fondateur de Keno Records. Je produisais beaucoup aussi et j’avais ce brouillon de la ligne de basse de « Shake That ». Je suis allé rencontrer David qui m’a invité dans son studio pour bosser quelques-uns de mes tracks. On a bossé sur « Shake That », il a changé la ligne de basse et m’a montré quelques tips en passant pour amener le morceau à un autre niveau.
Tu n’as rien produit entre 2013 et 2016, que s’est-il passé ?
Après que « Shake That » soit sorti sur Play It Down, il a été réédité sur le label de Pete Tong, FFR, et c’est devenu très commercial. C’était une période assez difficile pour moi. Quand j’étais invité quelque part, les gens ne connaissaient que ce morceau de moi, et ils s’attendaient à quelque chose du même genre, tout comme les personnes de l’industrie musicale. Je devais avoir 19 ans à l’époque, c’était beaucoup de stress et ça a été difficile de gérer ça si jeune. Personne ne s’attendait à ce que ça devienne un hit de cette ampleur. Et puis j’ai rencontré Matteo Luis qui est devenu mon colocataire, et on s’est mis à digger chez des disquaires ensemble, ce qui m’a amené à ce que je produis là maintenant.
Cela t’as permis de prendre le temps pour créer ton propre label, Retrograde ?
Je me suis vite rendu compte que j’avais envie de tout avoir en main. Et j’avais appris ce que je ne voulais pas : vendre ma musique à des majors, ou subir la pression de qui que ce soit. Cela ne m’empêche pas de bosser aujourd’hui avec d’autres labels, mais seulement avec des gens avec qui il y a un certain feeling. Pour résumer, j’ai pris ce temps pour moi afin de grandir un peu je pense.
Après avoir créé Retrograde, tu sors trois EPs à la suite dessus, puis en 2017 changement de cap, tu fondes un autre label, Midnight Themes, puis une sortie sur Hot Haus, et maintenant Ransom Note. Pourquoi cette expansion ?
Retrograde a été fondé par Matteo Luis, Natureboy Gold et moi-même. Il y a beaucoup de choses à gérer entre les sorties, les événements, les relations presse etc. Maintenant, Matteo est à New-York et se concentre sur ses études de productions musicales, Natureboy Gold est super occupé par son boulot dans une agence de relations presse. Du coup, je suis celui qui a le plus de temps, mais tout ce travail c’est beaucoup trop pour une personne. J’ai décidé de créer Midnight Themes, uniquement comme support pour mes productions. Je continuerai Retrograde un peu plus tard quand j’aurais du temps, je n’ai vraiment pas envie de me presser pour le moment.
Ton nouvel EP, Observing The Known, est définitivement influencé par la house de Chicago et l’acid-house. Est-ce un hommage à une certaine époque ?
Quand j’ai sorti mon premier EP sur Retrograde, j’ai bossé avec Paris Brightledge, une légende de Chicago qui a travaillé sur de nombreux hymnes house sortis des années avant que je ne sois né. C’était un honneur de collaborer avec lui. Les EPs qui ont suivi, celui de Hot Haus et mes collabs avec Paris Brightledge, avaient déjà ce petit goût de Chicago house. En voyant les retours et les critiques de Observing The Known qui racontent que c’est une sorte de voyage dans le temps, je suis heureux de voir que les gens ont pu comprendre là où j’ai voulu en venir.
Quels sont tes futurs projets ? Comptes-tu emmener ta musique vers d’autres horizons ?
J’ai un nouvel EP qui arrive sur Ransom Note encore, mais ce n’était pas exactement le même style, sûrement plus rêveur et plus obscur. En fait, je me rends compte que je n’ai pas envie de me limiter à un seul genre et que j’ai envie d’explorer. Et pour mes projets, je vais commencer une licence de journalisme cette année, ce qui va me prendre pas mal de temps. Sinon, je prévois de sortir un autre EP sur Midnight Themes et encore deux autres sur des labels de potes.
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