Danny Daze vient de sortir sur Kompakt l’un des morceaux les plus efficaces de l’année
Fin juin 2017, Marsatac. Michael Mayer est en train d’offrir au festival marseillais un set absolument génial, aux enchaînements parfaits et à l’énergie dévastatrice. Oui, rien que ça. Et comme si on en avait pas eu assez, voilà qu’il balance un titre inconnu, même de Shazam – on n’a pas pu s’empêcher de sortir le téléphone pour pouvoir retrouver cette bombe. Mais non, pas d’indice sur ces 8 minutes de tension, de nervosité presque, de sons tutoyant le vocabulaire dub (coucou les échos) et d’électro qui ne demande qu’à faire danser. Normal : le titre n’était pas encore sorti. Et si Michael Mayer avait la primeur du hit, c’est aussi tout à fait logique, puisque « Aire » de Danny Daze et Shokh sort – aujourd’hui – sur la série Speicher de Kompakt, label dont Mayer est le patron. Speicher, une valeur sûre qui en est déjà à sa 98ème sortie et qui a accueilli deux fois Danny Daze par le passé, en 2014 et 2016. Le DJ et producteur de Miami est donc presque un habitué, tout comme Patrice Bäumel, qui signe aujourd’hui le titre « Sorcery » et nous sort un Speicher par an depuis 2014.
Si vous êtes plutôt Spotify :
Comme on ne s’est toujours pas remis de ce « Aire » lâché par Michael Mayer un beau soir de juin – et aujourd’hui disponible sur les plateformes de streaming ci-dessus -, on n’a pas pu s’empêcher de poser quelques questions à Danny Daze, le co-producteur du titre.
Comment ça s’est passé pour que tu sortes ce morceau sur Kompakt ?
Danny Daze : Quand Kompakt m’a contacté pour sortir quelque chose sur leur série Speicher, j’étais ravi, et j’ai tout de suite pensé à collaborer avec Shokh, qui est également signé sur mon label Omnidisc. On a voulu leur envoyer un morceau un peu différent de ce qu’ils sortent d’habitude, en lorgnant un peu plus vers le son Omnidisc. Je suis super content qu’ils aient accepté le morceau, je n’étais pas sûr qu’ils allaient en vouloir ! Mais Michael Mayer, le patron de Kompakt, a tout de suite aimé le titre.
Comment as-tu rencontré Shokh ?
La légende raconte qu’on s’est rencontré chez le dentiste, car je portais un tee-shirt d’un label que j’aime bien et qu’on a discuté là-dessus. Peut-être que c’est vrai, peut-être pas !
En tout cas, vous vous êtes d’abord connus en tant que potes, puis vous avez collaboré…
Oui. Je travaille surtout comme ça avec Omnidisc. Je n’aime pas trop accepter des démos, ce n’est pas vraiment mon truc. J’essaye de donner une orientation plus familiale au label : un ami invite un pote à lui pour sortir quelque chose, et il me présente à quelqu’un d’autre…etc. J’ai toujours fait ça comme ça. Même chose avec Shokh, qui a donc sorti son premier EP sur Omnidisc. Ensuite, j’ai eu envie de le mettre plus en avant, donc nous avons collaboré plus régulièrement, à faire des back-to-back, des émissions radio ensemble… Et ce titre pour Kompakt !
Il y a des sons presque dub dans ce morceau. Pourquoi avez-vous voulu ajouter un côté trippant au titre ?
C’est le stab qui donne cet effet, couplé à un long écho. Ça donne une atmosphère assez rêveuse au titre, en tout cas c’est ce que je voulais. Je trouve que ça collait bien avec la série Speicher de Kompakt. Ces derniers temps, je passe des morceaux comme ça en milieu de set, un peu trippants et bizarres, plutôt que de choisir des disques plus « dans ta face ». Comme avec « Aire », ce sont des titres parfaits pour l’été, tu peux les jouer en extérieur, mais aussi bien au Berghain. C’était notre objectif : faire un morceau qui peut être passé quelque soit le contexte.
Il y a un côté un peu dreamy c’est sûr, mais il y a aussi une urgence dans ce morceau, il est rapide, presque stressant…
Oui, c’est notamment parce qu’il est écrit en mineur, comme la plupart de mes titres, et ça crée souvent une tension, un stress, j’aime assez.
« Aire » sort aujourd’hui, avec également un titre de Patrice Bäumel. C’est la 98ème sortie de la série Speicher de Kompakt, qui existe depuis 2001. Quelle serait ta sortie Speicher préférée ?
Il y en a tellement ! Je me souviens de la toute première sortie, avec un morceau de Jürgen Paape – c’est un excellent producteur, ce qu’il sort est toujours incroyable. Tous les Superpitcher aussi, évidemment. Je pourrais continuer longtemps comme ça. Quand Kompakt m’a demandé de faire partie de cette série, j’étais très honoré.
J’imagine que tu as déjà testé le titre en set, comment ça s’est passé ?
Plutôt bien ! J’essaye de le garder pour une heure avancée de la nuit, car c’est un gros morceau tout de même. J’avais eu cette impression aussi pour « Swim », un titre que j’ai également sorti sur Speicher l’année dernière. « Aire » est peut-être un peu moins dans-ta-face, c’est un morceau pour les DJs, je ne suis pas sûr que les gens auront envie de l’écouter sur Youtube ou autres. Du coup, j’espère qu’il passera dans pas mal de sets… Je croise les doigts !
C’est quoi la prochaine étape pour toi ?
Mon premier album ! Il arrivera l’année prochaine, je commence à plancher dessus. Je ne veux pas trop en dire pour l’instant, car je commence tout juste et je ne sais pas quel sera le résultat final, mais il aura une vibe plutôt électro. Je sens que c’est le bon moment pour moi de sauter le pas de l’album. J’ai fait pas mal d’EPs et sorti de morceaux. Les formats courts comme ça sont pour les DJs, pour faire danser les gens. Là j’ai envie de faire un album qui puisse s’écouter à la maison ou en voiture. Et puis je travaille beaucoup sur Omnidisc, c’est ma priorité en ce moment, je veux vraiment offrir une belle plate-forme à tous ces artistes qui ne sont pas forcément très connus.
Rien à voir, mais dans ta bio sur Resident Advisor, il est noté que tu as créé des sons pour un Macbook, mais sans plus d’explications. C’est vrai ?
Oui, je crois que c’était en 2008. Je n’en parle pas plus que ça car ça n’a pas grand-chose à voir avec ma carrière de DJ et producteur, mais j’ai fait pas mal de sound-design pour des logiciels, mais aussi pour des projets dans la mode. Une fois, quand j’étais plus jeune, je composais pour une église, et dans le même temps je faisais de la musique pour un porno. J’avais les deux fenêtres ouvertes en même temps sur mon ordi. C’était fou ! (rires) Je ne veux pas être uniquement ce mec DJ, je veux faire un peu plus que ça, comme travailler pour le cinéma.
Dans tes sets d’ailleurs, tu prends aussi la liberté d’aller voir ailleurs, de changer de styles, de ne pas te cantonner uniquement à la techno…
Oui, je considère que c’est ça le Djing, prendre des risques et proposer un large éventail de sons. En tout cas c’est comme ça d’où je viens. En Europe, par contre, c’est assez différent et ça a été dur pour moi au début : les gens n’aiment souvent qu’un style et uniquement celui-là dans un set, que ce soit la minimale, la techno allemande… Je n’ai jamais été capable de faire ça, je m’ennuie beaucoup trop rapidement.