Une nuit avec… Columbine
Article extrait de Tsugi 103, sorti début juin, disponible en kiosque ou à la commande ici.
Avec Enfants terribles, Columbine réveille un rap breton jusqu’ici en hibernation. Un album qui porte bien son titre, enregistré entre deux nuits très agitées, et dont l’extrait « Eté triste » s’accompagne aujourd’hui d’un clip.
20h : L’été dernier, on vivait en collocation dans un appartement où deux personnes étaient déclarées, mais où on était en fait quatre. C’est dans cet endroit qu’on a enregistré Enfants terribles, et le premier album Clubbing For Columbine. On s’y réunissait pour bosser, on y entassait le matériel pour les clips, les tee-shirts, les CDs, etc. Il y avait deux chambres. La première, celle de notre pote Chaman, servait de studio, et la seconde, celle de Lorenzo, servait un peu de dortoir. C’était une ambiance particulière : quand notre pote était avec une fille et qu’on devait enregistrer, on devait le virer de sa chambre. Parfois on se levait en milieu d’après-midi pour gratter quelques lignes de texte, et on se rendormait.
22h : Ce soir-là, on avait travaillé toute la journée à enregistrer des sons de l’album, notamment « Dans ma chambre ». On était fatigué et on s’est mis à imaginer un délire. On est allé sur internet, sur un vieux chat où pas mal de pervers traînent. Dans le pseudo, on indiquait par exemple « Julie, 14 ans ». Quand on était plus jeune, on allait sur ce genre de forums pour se marrer, et ce soir-là on s’est fait une petite session nostalgie. On s’est donc mis à draguer des vieux en mettant ce nom de très jeune fille, pour voir s’il y avait vraiment des types dérangés pour nous répondre. Ce qu’on faisait, c’était presque une démarche de justiciers.
23h : Plein de types nous répondaient. Ils nous demandaient quelle tenue on allait mettre, des choses vraiment sales. On les a donc invités à nous rejoindre sur le parking juste devant notre immeuble.
00h : On était tous là à attendre à la fenêtre avec les lumières éteintes. Les types débarquaient sur notre parking en voiture. De temps à autre, on se décidait à descendre pour les filmer et les mettre sur Snapchat, ou pour leur crier dessus et les faire partir en courant. On voulait faire notre bonne action en les punissant à notre manière. C’était assez sombre, mais marrant. Certains venaient de loin, faisaient une demi-heure de route pour venir rejoindre cette prétendue jeune fille. C’était une vraie expérience sociale qui est ensuite devenue un délire pendant le mois où on enregistrait l’album. On n’avait pas grand-chose à faire, le soir c’était notre seul divertissement alors on se faisait livrer à manger et on se disait : « on commande un pédo ».
02h : En parallèle, il se passait autre chose. La chambre de Chaman était prise toute la journée pour enregistrer, donc le soir il se reposait un peu à l’intérieur. Ce soir-là, il était défoncé et il s’est endormi sur son siège de bureau devant son ordinateur. C’était au moment où on lançait notre Snapchat, alors on a sauté sur l’occasion. Il faut savoir qu’il a le sommeil très lourd. Par exemple, ça nous arrive de passer l’aspirateur à côté de lui lorsqu’il dort, ça ne le réveille pas. On a donc mis deux écrans d’ordinateur devant lui, et on faisait passer des films pornos gays avec le son à fond. Il avait encore son joint à la bouche, et on lui mettait plein de papier toilette empilé sur la tête. Certains étaient en bas avec les pédophiles sur le parking, d’autres étaient avec Chaman. Les fans de longue date qui nous suivent sur Snapchat doivent se souvenir de cette histoire.
03h : J’ai même réussi à avoir le numéro de téléphone de l’un des pédophiles du parking. Il voulait aller me chercher à l’école le lendemain. On voulait en dénoncer certains, mais apparemment ce n’est pas possible. En tout cas, n’allez pas sur ces chats. Ensuite on s’est couché. On dormait quasiment tous dans la même chambre, entassés. Puisqu’on n’arrivait pas à s’endormir, on s’est mis à se battre avec tout ce qui nous passait sous la main, des chaises, etc. C’est vraiment une soirée typique Columbine : des potes dans un appartement qui démarrent des conneries. Comme ça, sans alcool. Il y en a toujours deux ou trois à la fumette, mais généralement c’est à base de clopes et de sobriété.
Enfants terribles, sorti le 21 avril sur Initial Artist Services/Universal.