En direct de Run The Jewels à l’Élysée Montmartre
Presque quatre mois après Run The Jewels 3 son projet surprise sorti pour Noël, Run The Jewels bouclait sa tournée européenne à l’Élysée Montmartre.
Il n’y a pas de fumée sans feu. Celle qui s’échappe du haut de la scène depuis cinq bonnes minutes masquant partiellement la main mimant un flingue et le poing serré suspendus, l’emblème du groupe, pourrait donc être prémonitoire. Les débats autour de nous sur l’engagement de Killer Mike auprès de Bernie Sanders, et sur la position plutôt à gauche ou plutôt à droite du rap, sont vite interrompus par un étonnant « We Are The Champions ».
Le concert démarre sur des titres de Run The Jewels 3 souvent ponctués par les démos de scratch de DJ Trackstar. Boosté par la foule qui scande « RTJ », Killer Mike alterne entre des petits pas de danse et des couplets au flow rapide et saccadé. Puis l’instrumentale de « Stay Gold » retentit, et le public reprend fièrement ces quatre dernières lettres. Pendant le morceau suivant, un petit mec à casquette traverse la scène et va se cacher derrière les platines. A la fin du morceau il se relève et enchaîne les scratchs. Ce petit mec à casquette c’est DJ Q Bert. Tout le public l’acclame sans forcément comprendre de qui il s’agit, et El-P l’a bien compris: « quand je dis Q Bert aux platines c’est comme si je disais Hendrix à la putain de guitare ».
Le morceau « Lie, Cheat, Steal » finit d’exciter le public de l’Élysée Montmartre. Trois mots adressés aux puissants, l’engagement politique n’est jamais bien loin. Les deux MC’s enchainent les accolades et semblent s’amuser comme des gamins. Aussi différents que complémentaires, ces deux-là se sont bien trouvés. El-P se lance dans un message prônant la paix et l’esprit de communauté malgré le climat politique, tandis que Killer Mike s’allume un gros joint. On aurait bien parié l’inverse.
Avant d’enchaîner par le morceau inaugural de leur premier album, El P fait une dédicace à tous ceux qui les soutiennent depuis cette époque. Au vu de la diversité d’âge de la foule, on parie que certains étaient même là au temps de la Dungeon Family et de Compagny Flow. Les lumières s’éteignent pour un faux départ, avant que le groupe n’offre quinze minutes de rab. Un rappel durant lequel on aperçoit un homme jambe plâtrée sauter et brandir sa béquille. Pour certains le rap de Run The Jewels a donc des vertus insoupçonnées.
Meilleur moment : Q Bert qui débarque sur scène pour quelques scratchs.
Pire moment : L’entrée des artistes sur « We Are The Champions » de Queen. Mouais.