David Bowie et l’électronique, une histoire d’amour souvent oubliée
Depuis hier, le monde du rock est en deuil. Déjà largement affaibli par le décès de Lemmy Kilmister, iconique chanteur et bassiste de Motorhead, celui-ci doit maintenant faire face à la disparition d’une autre de ses figures de proue, bien différente, mais tout aussi majeure : David Bowie. Mais en ce début de semaine, le rock n’est pas le seul genre musical à être endeuillé. On l’oublie trop souvent, mais David Bowie était aussi un artiste avec un gros penchant pour l’électronique et l’expérimentation ayant collaboré avec des producteurs divers et variés, de Nine Inch Nails pour le côté indus, Brian Eno pour l’ambient et Photek ou A Guy Called Gerald pour la jungle. Revenons un instant au coeur des années 90, une époque durant laquelle la techno résonne dans un bon nombre de caves britanniques, phénomène qui ne manqua pas d’attirer l’attention de ce cher David, pour notre plus grand plaisir.
L’histoire d’amour qui lia David Bowie et la musique électronique a commencé en 1995 avec la sortie de 1. Outside (nous ferons abstraction de la trilogie berlinoise, qui même si elle comporte des éléments électroniques ne fait que survoler le sujet), un album qui après des années d’immobilisme artistique marque le retour de Bowie du côté expérimental de la force. Composé aux côtés de Brian Eno, cet album est empreint d’un esprit industriel insufflé par Nine Inch Nails et dont « The Hearts Filthy Lesson », un des singles issus de l’album, a même été remixé par Trent Reznor. Narrant l’histoire d’un détective à la recherche d’un meurtrier, 1. Outside est aujourd’hui considéré comme une des oeuvres majeures de David Bowie.
« (Segue) Ramona A. Stone (I Am With Name) », écrit par Bowie et Brian Eno :
Le remix de « The Hearts Filthy Lesson » par Trent Reznor :
L’année suivante, en 1996, David Bowie poursuit son exploration du monde électronique, en sortant le single « Hallo Spaceboy », remixé par les alors incontournables Pet Shop Boys. Un morceau plus house donc, qui préfigure la sortie en 1997 de Earthling un disque clairement influencé par la mouvance jungle qui secouait alors le Royaume-Uni. Fin dénicheur de tendances, David Bowie fut un des premiers artistes internationaux à mettre en avant ce sous-genre underground.
« Hallo Spaceboy » revu par les Pet Shop Boys :
Exclusivement centré sur l’écosystème musical britannique, Earthling, disque sur lequel David Bowie apparait de dos, habillé d’un Union Jack dessiné par Alexander McQueen, donne le coup d’envoi d’un série de collaborations avec des artistes jungle et drum’n’bass, notamment avec Photek et Goldie.
Goldie et Bowie sur « Truth » :
Le remix drum’n’bass de Photek sur « I’m Afraid Of Americans » :
L’épopée électronique de Bowie s’arrêtera finalement à la fin des années 90 avec la sortie de Hours, un album beaucoup plus poli et pop que ses ainés. Il est toutefois utile de noter que l’homme à la dizaine d’alter egos a été repris en 1996 par Philip Glass avec l’album « Heroes » Symphony lui-même remixé par Aphex Twin.