Interview | Favé : le jeune rookie au single de diamant
Un single de diamant à 19 ans, c’est peu commun. Un album, non plus. Un Olympia, encore moins. Pourtant, mercredi 2 novembre prochain, Favé se produira dans la salle légendaire du Boulevard des Capucines. Une première ? Non, une deuxième, pour un jeune rookie qui avait déjà pu toucher la scène en compagnie de plein d’autres. C’était lors d’un concert pour l’association Que De l’Amour, en début d’année. Nouvelle étape en solo désormais, pour celui qui défend son tout premier album, IL LE FALLAIT.
Comment vas-tu Favé, musique mise à part ?
Favé : Tout va bien, franchement. Ma famille et mes amis vont bien, ça ne peut que bien aller pour moi !
C’est vrai que l’album a eu un succès assez honorable. Un peu plus de 9000 ventes en première semaine avec en prime, un single de diamant pour « Urus ». C’est quelque chose que tu as pu digérer en amont de la sortie de l’album, ou tu étais vraiment concentré sur l’album ?
Favé : Je n’étais concentré que sur l’album. C’est vrai qu’à propos de « Urus », ça faisait un moment qu’on attendait la certification du diamant. Après avoir eu le platine, on savait indirectement que ça allait enchaîner. Quand on l’a eu officiellement, on était très content, mais le focus restait sur l’album.
IL LE FALLAIT donc, ton premier album. Comment tu expliques son titre ?
Favé : C’est pour dire qu’après avoir sorti « Urus », l’EP F4, après avoir fait « NO LÈCHE » avec Gazo, cet album il le fallait tout simplement. Pour moi déjà, et pour les gens qui m’écoutent. Ils me le demandaient, et moi j’avais envie de sortir un album depuis longtemps. Il fallait que ça sorte. C’était une envie, autant qu’une suite logique.
J’ai regardé pas mal d’interviews de toi, où tu parles notamment de progression, car on te catégorise surtout comme un artiste de jersey. Il y a deux morceaux comme ça dans l’album. Comment expliques-tu cette progression, qu’est-ce que tu voulais montrer?
Favé : Ça s’est fait naturellement. Quand je parle de progression, c’est plutôt lyricalement, ou bien par rapport à comment je me positionne sur les prods. Je parle surtout d’une évolution en niveau. Aujourd’hui la jersey fait partie de Favé, mais ce n’est pas comme ça que j’aimerais qu’on me définisse en tant qu’artiste. Ce n’est pas mon domaine de prédilection. J’ai pu rebondir dessus quand c’est arrivé en France, en faisant un tube. Mais sinon, je peux faire de tout. Je ne suis pas que ça.
Avais-tu une direction précise sur l’album ? Quelque de chose de précis que tu voulais démontrer ?
Favé : Je voulais démontrer que je peux m’adapter à plein de styles différents. Histoire de montrer aux gens que Favé possède plusieurs palettes. Il y en a pour tout le monde sur cet album. C’est ça que je voulais montrer.
Pour rentrer un peu plus en profondeur dans ta carrière en elle-même, et toujours en lien avec l’album : étant donné qu’il y a Gazo et So La Lune dessus, j’aimerais savoir s’ils t’ont donné des conseils sur ta jeune carrière ?
Favé : Ça ne s’est pas vraiment fait de cette manière avec eux. Ils ne m’ont pas vraiment donné de conseils. Gazo me dit souvent qu’il me voit comme « l’espoir ». Il se positionne comme un grand frère. Comme quelqu’un qui compte sur moi, plutôt que quelqu’un qui donne des conseils. Pour So La Lune, on a fait que du son ensemble. C’est quelqu’un d’assez réservé.
Tu parles pas mal de ton succès dans l’album. Pas vraiment des mauvais côtés, et je me demandais donc si tu avais pu en ressentir pour l’instant ?
Favé : Le fait de se faire reconnaître un peu partout est embêtant, mais il faut faire avec. J’aime bien être discret, donc quand on me reconnaît à des endroits inattendus, c’est un peu relou. Je relativise, c’est juste la suite logique. Je ne peux pas me plaindre.
Sur le morceau de la fin, « ENSEMBLE CROCO« , tu dis que t’es un jeune rookie. J’en reviens alors à ce que je te disais par rapport au big step que c’est d’avoir un single de diamant. Tu penses que c’est toujours le cas?
Favé : Je dis ça, parce que je n’en suis qu’au premier album. Disons que j’avance étape par étape. Alors sachant que je n’ai pas sorti beaucoup de projets, c’est comme un rookie que je me vois pour IL LE FALLAIT. Ce ne sera plus le cas au deuxième album. Celui-ci sera l’album de l’artiste.
Quelles émotions, quels messages veux-tu faire passer à ton public ?
Favé : Par rapport à mon expérience, je dirais qu’il faut toujours relativiser. Quand tu crois en quelque chose, il faut foncer dedans. Peu importe ton projet. Si tu crois en toi, il faut te donner les moyens d’aller jusqu’au bout. J’ai déjà eu quelques obstacles personnellement, mais je suis resté concentré.
Même avant le rap, que tu as commencé « par accident » pendant le confinement de 2020, est-ce que tu t’imaginais déjà devenir artiste ? Ou alors tu avais d’autres perspectives ?
Favé : Je ne me voyais pas faire de longues études. Enfin si, pour faire plaisir à mes parents. J’aimais quand même bien les domaines de la publicité et de la communication. C’est quelque chose que je suis de plus ou moins près maintenant, avec ma carrière. Mais c’est vrai que je peux me permettre de me concentrer sur autre chose.
Cette année, tu as commencé les concerts avec une tournée des festivals. Tu es passé par Les Ardentes, Solidays… Comment ça s’est passé ?
Favé : C’était incroyable. Certains festivals étaient plus compliqués que d’autres, parce que le public n’est pas forcément réactif à chaque fois. Surtout pour un nouvel artiste. Donc ma mission était de convaincre, même ceux qui ne me connaissaient pas. C’était une super première tournée.
C’est quelque chose que tu avais travaillé en amont ?
Favé : Quand on savait qu’on allait faire cette tournée, on a fait des répétitions, des résidences… On a bossé pour ça. Pour l’Olympia, qui arrive bientôt, on fait aussi d’autres répétitions.
T’as aussi fait la tournée des universités cet été. Comment l’idée est venue, et est-ce que c’était différent des festivals ?
Favé : L’idée vient de mon producteur DJ Bellek. Il s’est dit que ce serait une bonne idée de faire ça avec un bus d’école, comme aux États-Unis. On a fait ça à Lille, Paris, Lyon et Marseille. Ça s’est toujours bien passé. Il y avait toujours cette volonté de convaincre, parce qu’encore une fois, tout le monde ne me connaissait pas. L’album n’était pas encore sorti, et je m’étais fixé comme objectif que chaque personne soit ensuite égale à une écoute. Sur une semaine, on a fait deux-trois arrêts par ville, donc c’était une superbe expérience.
Pour rester sur le live, et le caractère jeune de ta carrière, comment tu sens ton premier Olympia ?
Favé : Je le sens bien. Ça va très bien se passer. Je n’appréhende pas forcément, il n’y a pas de stress. Je suis prêt, je veux juste le faire en profitant du moment.
Depuis le début de ta carrière, il y a des grands artistes comme des Nekfeu ou PNL qui n’ont rien sorti. Comment tu envisages ton rythme de production ? Tu te vois plutôt discret ou productif ?
Favé : Pour pouvoir faire comme eux, il faut être en mesure de s’imposer vis-à-vis du public. Ne rien faire pendant 3 ans, c’est quelque chose qu’ils peuvent se permettre. S’ils reviennent, ils explosent quand même tous les scores. Je n’en suis pas encore là. Mais je suis dans une démarche où je ne veux faire que ce que je veux, donc je n’exclus rien, à un moment où je serais bien installé. En ce moment, j’ai juste envie d’envoyer du son.
On est Tsugi, on parle de la musique d’aujourd’hui de demain. Tu pourrais nous recommander un seul artiste ?
Favé : Bag Jeune B, il arrive très très fort.