Vitalic et Silly Boy Blue, Ichon, Shay Lia, Taste… Les projets de la semaine !
C’est le rendez-vous de la semaine pour les amateurs de diversité musicale ! Avec cette nouvelle vague de sorties, on zigzague entre les projets courts de Vitalic & Silly Boy Blue, Taste, Arøne, Poté, et les projets longs de Shay Lia, Ichon, Priya Ragu, et du label Mama Told Ya.
Shay Lia – Facets
La définition même du premier album de Shay Lia est compliquée à sculpter (si ce n’est son nom) : Facets. Fabriqué entre sa ville, Montréal, et sa maison, Paris, Facets représente une odyssée sensuelle racontée par une artiste qui n’hésite pas à changer de langue en plein milieu de ses mesures. Ici, Shay Lia semble avoir décidé de faire goûter le R’n’B comme elle le veut. En tous cas, celui qu’elle exprime sur ce disque possède autant de dimensions que de titres, puisqu’à chaque piste son propre univers. Kaytranada, son ami et collaborateur régulier, en est le chef d’orchestre sur le hit de l’album « ON THE LOW« .
Vitalic & Silly Boy Blue – Confess
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule… Il nous fallait vite du contenu en plus de la part du duo français. Confess arrive alors, cet EP de quatre titres déjà amorcé par la sortie de « Power in my Hands« . Ce morceau d’acid house nous avait déjà rendus fous grâce à sa mélodie hypnotisante et à une Silly Boy Blue vocalement mystérieuse. Et bien, ils ont remis le couvert pour deux autres titres : « Forgiven » et « And it Goes Like« . Référence aux débuts de l’EDM et hommage aux premiers clubs underground qui ont vu le jour dans les années 1990, Confess nous fait regretter le bon vieux temps.
Taste – Pants Shitters
L’intelligence artificielle s’est révélée un vrai sujet à débats, que ce soit dans l’industrie de la musique, ou au sein de nos rédactions. Autant le dire tout de suite, la couverture du nouvel EP de Taste n’inspire pas confiance. Vous faire croire que vous rentrez dans l’époque des trente glorieuses américaines est malhonnête, pourtant l’esthétique rétro-futuriste dont dispose Pants Shitters est réelle. Cet EP marque le goût de Taste pour le disco teinté de post-punk, comme sur le premier single « Pile of Guilt« , mais également le morceau « Traffic Light« , monologue d’un amoureux brisé aux portes de la folie. À table.
Arøne – Toutes mes larmes
Dotée d’une douce voix juvénile, le projet d’Arøne s’inscrit dans la lignée des artistes de hip-hop aiguës, où les allures rapides règnent. Ce registre spécial dans lequel l’artiste française se pose, n’est pas sans rappeler une aura hyperpop, notamment sur « bad days » et « confortable« . La sensibilité que la chanteuse nous partage dans Toutes mes larmes est sans égal cette semaine, et le chemin parcouru sur ces mélodies lancinantes n’ouvrent que de plus beaux horizons.
Ichon — Kassessa
Il aura donc fallu attendre trois ans pour de nouveau entendre Ichon. Kassessa est né d’une envie de « casser ça », comme il le dit dans notre interview, et donc d’une rage intérieure. À travers ces 14 titres, qui affichent plusieurs styles mais qui font aussi partie de l’identité plurielle d’Ichon. Le musicien a donc posé ses doutes, ses peines et même parfois ses joies pour des morceaux tantôt électroniques comme « MALABAR » pensé comme un pogo général, tantôt groovy avec « KEDULOVE » ou même « SOUVENT« , titre le plus cru. Ce dernier, qui retient par ailleurs l’attention, fondé sur le paradoxe —un mot particulièrement affectionné par le musicien— de sa dureté dans les paroles et de sa tonalité majeur qui vient une fois de plus, casser ça. Ichon signe ici un beau retour.
Léa Formentel
VA Mama Told Ya – « Mille attaques, les vents contrèrent »
Entre les réminiscences de notre jeunesse et les rythmes du futur, Mama Told Ya est un label axé sur le partage et la collaboration comme moteur créatif. On l’avait deviné, notamment grâce aux compilations élémentaires déjà sorties par Anetha, fondatrice du label. Cette année, la nouvelle compile également appelée MTY-AIR vient faire suite à la précédente, MTY-TERRE « Contre tout, toutes et tous, la terre demeure », et surprend toujours autant grâce à la cohésion aérodynamique apportée par les différents artistes dont elle dispose. Capricieux mais vigoureux, le son de cette compilation balaie tout sur son passage. Préparez-vous à voler de toutes vos forces, car rien ne peut vous sauver dans l’oeil du cyclone provoqué par Boys Noize, Lacchesi, Vel, Raël, BXTR, A Strange Wedding, et bien d’autres…
Priya Ragu – Santhosam
On espère que vous avez regardé son Colors (oui, comme tout le monde). Pour son tout premier album, la chanteuse utilise ses racines les plus profondes afin de construire son propre manifeste, entre politique et amour. En tout cas, sachez que Santhosam est un album fait pour bouger sur des paysages versatiles de R’n’B, de pop et UK garage. L’occasion pour elle de faire des choses nouvelles, comme cette parenthèse rap « Adalam Va!« , gravement influencée par le mouvement grime du Royaume-Uni, bien que samplée à l’indienne. Une expérience colorée.
Poté – To Say Goodbye
Album du mois, maintenant projets de la semaine… Poté a toujours une place dans nos sélections. Celui pour qui la musique se situe entre le son rythmique de son héritage et son intérêt pour l’exploration dans l’écriture de chansons émotives, ne cesse de nous impressionner. Il le fait une nouvelle fois avec son dernier EP, To Say Goodbye, six titres dans lequel l’artiste s’axe « sur l’éphémère« , selon lui. Cette conscience que tout ne dure jamais éternellement relève d’une vraie maturité pour Poté, qui se révèle d’une manière authentiquement vulnérable et ouverte.