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© Marin Driguez
16 octobre 2023

Live report : Nuits sonores Brussels, des DJ sets de toutes parts

par Tsugi

Richie Hawtin, HAAi, Boys Noize, David August ou encore Karenn étaient à l’affiche de Nuits sonores Brussels ce week-end. Déjà la sixième édition pour Nuits sonores à Bruxelles !

 

Article rédigé par Didier Zacharie

 

L’air de rien, petit à petit, le festival électronique lyonnais s’installe dans la capitale belge et européenne. Lieu principal des festivités : le Palais des Beaux-Arts, diminutif BOZAR, un lieu pluridisciplinaire (de type Barbican Center ou Philharmonie de Paris) dont la bâtisse Art Deco a été imaginée par l’architecte Victor Horta il y a un siècle. Autant dire qu’on y vient le plus souvent pour y écouter de la musique classique, sinon contemporaine, que de la techno. Tout l’intérêt du festival est pourtant là : dans la transformation de ce haut lieu de la culture bourgeoise en temple de la décadanse. Et sur ce coup-là, l’équipe d’Arty-Farty a plutôt bien relevé le défi, grâce à une production impeccable et un line-up alléchant.

Une faune internationale et hétéroclite (bruxelloise, donc…) s’est faufilée entre les murs chics de BOZAR, tandis que les clubbers intempestifs prenaient d’assaut les clubs C12 et Reset à quelques pas de là. Nuits sonores a également investi quelques espaces culturels décentrés comme LaVallée, Les Ateliers Claus ou la Brasserie Illegaal. Sans oublier le European Lab – conférences, workshops et débats autour de la question de l’indépendance du journalisme. Tout un programme…

 

Concerts d’ouverture : David August et Caterina Barbieri

Le festival avait commencé dans les clous. Places assises et confort d’écoute. Musique électronique, certes, mais traçant des ponts avec le contemporain. Et ce fut une claque monumentale. Un double uppercut qu’on n’attendait pas forcément si tôt, ni à ce niveau. Spécialiste des synthés modulaires, l’Italienne Caterina Barbieri tisse des liens entre les différents niveaux de conscience. Sous son doigté, le son devient matière vivante, onirique et émotive. Et quand les vitraux du chef d’oeuvre Art Déco qu’est la salle Henri le Boeuf commencent à trembler sous l’effet des infrabasses, on se dit que la soirée va être bonne.

Elle le fut. Et bien plus encore. Venu présenter son dernier album VIS, l’Allemand David August nous a offert un véritable show son et lumière, aussi élégant que fascinant, accompagné d’un batteur, de deux danseuses, d’un projecteur et de beaucoup de fumée. Il n’en fallait pas plus pour qu’on se retrouve happé, dans un espace-temps nous ramenant dans une caverne de la Grèce antique (celle de Platon, qui est la trame du disque).

Le jeu de lumière et de fumée s’empare du public, qui est pris comme dans un tourbillon. Rehaussé par une musique tantôt apaisée, tantôt bruitiste, tantôt tribale, et par deux danseuses envoûtantes, le projet se veut performance pluridisciplinaire. Une sorte d’opéra du XXIe siècle où pas une parole ne fut prononcée, mais tout a été dit. David August ne se produira que cinq fois cet automne avec ce nouveau projet, dont une date au Trianon de Paris le 22 octobre. On vous invite à ne pas le manquer (il reste quelques places ici).

nuits sonores

© Robin Verslype

 

Une nuit avec Richie Hawtin

La grosse affaire du week-end, c’était bien entendu la venue de Richie Hawtin. Pionnier, innovateur, maître techno. Le Canadien est une pointure qu’il n’est plus besoin de présenter. Il était déjà de la partie à Lyon au printemps, le voici cet automne à Bruxelles où il avait la tâche de programmer une soirée. La première chose qu’il a faite a été de visiter BOZAR avant de faire ses choix. « Je voulais ressentir les lieux », nous a-t-il expliqué quelques jours avant de se produire. « L’architecture, la disposition des pièces, la lumière, la manière dont les gens se déplacent… Cela a un impact sur la nature du set ».

 

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La salle Henri le Boeuf lui a inspiré un nouveau projet. « Un concept que j’espère sortir d’ici un an sous le pseudo Plastikman. J’ai imaginé quelque chose qui dépasse la techno, quelque chose de moins immédiat et peut-être plus compliqué à appréhender, mais avec l’ambition d’embarquer le public avec moi dans un voyage bien particulier. On a répété deux semaines et Nuits sonores sera la première occasion de tester ce nouveau projet »

Vous voulez savoir ? C’est déjà au point ! Comme Alice, on a suivi Richie dans son tunnel psychédélique en ne relevant la tête que deux heures plus tard, à la fin du set. Une véritable plongée en apnée dans un jeu de techno et de lumières multicolores. La salle, d’habitude si sage et propre sur elle, s’est transformée en temple de la techno. Les sièges ont été enlevés, le dancefloor est rempli et les balcons envahis par des hordes de clubbers qui en redemandent, encore et encore. Les grandes fêtes romaines devaient ressembler à cela. Et quand l’heure de la citrouille a sonné, on se dit : vivement 2024 et la sortie du disque. Quelle claque !

nuits sonores

© Marin Driguez

 

Une nuit avec HAAi

Troisième nuit et double affiche à BOZAR. Boys Noize en haut, HAAi dans la grande salle. L’Allemand a ouvert les festivités dans la salle d’exposition transformée en Boiler Room. Il y a moins de monde que la veille (au même moment, les gens font déjà la queue devant le C12), mais qu’importe. Alex Ridha a donné au peuple disséminé autour de lui ce qu’il est venu chercher : du gros son et de la bonne vibe, entre techno et electroclash. On ne change pas un set qui gagne. On n’est pas bien, là ?

 

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Dans la grande salle, Karenn ne pense pas de même. Le duo britannique quitte la scène en fronçant les sourcils. Problème de son ? Ça ne s’est pas remarqué… HAAi, qui enchaîne pour un set de trois heures, ne semble pas s’en inquiéter. La DJ australienne, responsable d’un des meilleurs albums électroniques de 2022 avec Baby, We’re Ascending, est une figure de la nouvelle scène londonienne. Son DJ Kicks arrive en novembre, précédé d’un single-tueur, le bien nommé « Ziggy » joué en fin de set. Avant cela, des grosses basses, rondes et chaloupées, des citations de Radiohead à Jimmy Sommerville et une techno au féminin qui ouvre de nouvelles voies plus aériennes au genre. Sur le coup de 2 heures, on migre du côté du C12 où les souvenirs s’évaporent au fil des heures et dans le vrombissement des basses. Nuits sonores Brussels, clap de fin, sixième.

 

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