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Soirée Dure Vie @ La Machine du Moulin Rouge / ©Rémy Golinelli
14 janvier 2020

500 000€ de subventions pour les clubs berlinois : et que fait-on à Paris ?

par Marthe Chalard-Malgorn

Début janvier, la Commission Club de la ville de Berlin reconduisait pour les deux ans à venir les subventions des mesures de protection antibruit pour les clubs, et ce, à hauteur de 500 000 euros. Autrement dit, pour faire insonoriser les clubs et ainsi apaiser les tensions entre clubbers et riverains. Sous l’initiative de la sénatrice écologiste Ramona Pop, la ville œuvre dans ce sens depuis deux ans en faveur de cette culture fondatrice de l’identité berlinoise et prospère de son célèbre tourisme nocturne. À noter toutefois qu’il s’agit d’une baisse de ces subventions par rapport à 2018, qui s’élevaient alors à un million d’euros.

Est précisé également que les propriétaires de clubs doivent participer aux travaux d’insonorisation à hauteur de 10% à 20%. Ce n’est qu’une fois les fonds propres épuisés que les subventions sont versées. Le financement ne peut s’élever qu’à 50 000 euros par établissement et est proportionnel à la structure concernée.

Mais une question se pose : à Paris, que fait-on ?

En partenariat avec le CNM Prévoyance Santé (Caisse Nationale Mutualiste), la ville de Paris a, depuis deux ans déjà, mis en place une subvention d’un montant d’un million d’euro dédiée à l’insonorisation et aux accès ERP (établissement recevant du public) des salles de concert et autres clubs. Il s’agit d’un fond de soutien qui a déjà été mis à profit pour des établissements comme La Machine du Moulin Rouge, La Station Gare des Mines ou La Mécanique Ondulatoire. Selon Frédéric Hocquart, adjoint au maire de Paris à la vie nocturne et à l’économie de la diversité culturelle, il s’agit là d’une “initiative inédite” avec une réelle volonté de médiation entre “les gens qui veulent dormir” et “les gens qui veulent faire la fête”.

« La musique électronique, ce n’est pas seulement la Techno Parade une fois par an. » – Frédéric Hocquart, adjoint au maire de Paris à la vie nocturne

Selon lui, il est essentiel d’aider les petites salles afin de préserver l’éclectisme culturel et ainsi le rayonnement de la ville de Paris à l’échelle nationale et mondiale. “Avant, soit on disait que Paris était une ville bruyante et qu’on ne pouvait rien y faire, soit on éloignait de la ville les jeunes trop bruyants. Ce ne sont pas des solutions !” explique l’adjoint d’Anne Hidalgo. La préservation des petits lieux culturels est, selon lui, primordiale : “Sans les clubs, comment fait-on ? La musique électronique, ce n’est pas seulement la Techno Parade une fois par an ! Protéger des lieux comme feu Concrète ou Dehors Brut est important. Nous voulons véhiculer l’idée de la fête et de la bienveillance. »

La Flèche d’or dans le 20e arrondissement de Paris

Malgré cette initiative, les petites salles de concert n’échappent pas au diverses pressions les poussant à fermer. Par exemple, la Flèche d’or, ancienne gare de Charonne, avait temporairement dû fermer ses portes pour nuisances sonores en 2009, comme le rappelle Le Monde dans un article sur les déboires du lieu culturel parisien. Aujourd’hui, une société d’investissement immobilier imagine une reconversion de la salle de concert en restaurant. Lors d’une journée d’action en novembre dernier, des militants et habitués de l’endroit ont envahi les lieux en signe d’opposition à ce changement : « Dans ce quartier où la gentrification fait déjà des ravages, ce site doit être laissé à l’appropriation citoyenne », justifie Danielle Simonnet, élue de La France insoumise au Conseil de Paris. Une situation qui s’est soldée par l’intervention de la police qui a délogé les militants.

À l’aube des prochaines élections municipales, la question des moyens investis pour lieux culturels parisiens alternatifs est loin d’être réglée. Pourtant, il apparaît nécessaire de continuer à protéger ces lieux fragiles qui hébergent la culture d’aujourd’hui et de demain. Espérons que ces subventions soient maintenues en 2020, ce que Frédéric Hocquart n’a pas encore été en mesure de confirmer.

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