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© Richard H. Kirk/PIAS
23 novembre 2020

26 ans après, ce nouvel album de Cabaret Voltaire enregistré avec les machines de l’époque

par Patrick Thévenin

En août, Richard H. Kirk (chant, guitare) annonçait qu’il réactivait en solo le groupe Cabaret Voltaire avec un album à venir. Enfin le voilà : Shadow of Fear a été dévoilé vendredi dernier, 26 ans après le dernier album de Cabaret Voltaire.

Chronique issue du Tsugi 135 : la musique fait son #MeToo, toujours disponible en kiosque et à la commande en ligne.

Depuis ses débuts en 1974, le groupe Cabaret Voltaire (composé de Richard H. Kirk, Stephen Mallinder et Chris Watson) n’a cessé de faire évoluer sa musique, passant de l’indus au punk armé de synthétiseurs et boîtes à rythmes, de l’électro- funk bidouillé en passant par la house de Chicago en travaillant avec Marshall Jefferson. Père, parmi d’autres, du mouvement techno, notamment avec The Crackdown, album culte où il va perdre Chris Watson en route, le duo Mallinder et Richard H. Kirk s’est constamment remis en question au travers d’une discographie longue comme le bras et étalée sur une quinzaine d’années.

Cabaret Voltaire

Artwork

Depuis la séparation des Cabs en 1990, Richard H. Kirk en a profité pour plonger dans la techno avec Sweet Exorcist – manifeste de la bleep music – puis une myriade de projets solo, dont Sandoz et sa techno minimale et racée, pendant que Mallinder partait vivre en Australie pour former le duo Sassi & Loco. Cabaret Voltaire aux abonnés absents depuis 1990, Richard H. Kirk a décidé de reformer seul le groupe en 2014 pour l’Atonal de Berlin, sans mélancolie aucune, mais comme un espace de création fidèle à la philosophie du groupe – « No Nostalgia » – de ses débuts. « J’ai commencé à développer des titres destinés spécifiquement à être joués en concert, déclare-t-il, des trucs assez bruts et dépouillés.» Et ce qui devait rester de l’ordre du live s’est transformé en nouvel album.

Enregistré avec les machines de l’époque du studio Western Works – d’où ce grain si particulier –, Shadow Of Fear ne ressemble à aucun album de Cabaret Voltaire tout en étant du pur Cabaret Voltaire, puisant dans tout ce qui faisait son ADN : les rythmiques funk et métalliques, une utilisation brillante des sonorités indus, l’utilisation de samples en forme de discours apocalyptiques, des artefacts électroniques parsemés pour mieux désorienter l’auditeur, des mélodies orientales trafiquées en background et des cassures de rythmes. Mélange d’électro-funk, de techno de Detroit, de bleep music et de house projetée dans le futur, Shadow Of Fear s’inscrit avec aisance comme l’un des meilleurs disques de Cabaret Voltaire, et ce dans une discographie qui ne manque pas de chefs-d’œuvre.

Retrouvez plus de chroniques dans le dernier Tsugi 135 : la musique fait son #MeToo, toujours disponible en kiosque et à la commande en ligne.

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